Le Tawassoul et le Tabarrouk

Le tawassoul, c'est demander à Allāh qu'une chose profitable se réalise ou qu'une chose nuisible cesse par l'évocation du nom d'un prophète ou d'un saint, en honneur pour celui par le degré duquel est fait le tawassoul.

Faire le tawassoul par le Prophète, un saint ou les œuvres de vertu est une chose qui est permise dans la Loi de l'Islam et qui comporte des récompenses.

Il n'y a aucune considération à donner à ceux qui le renient car ils n'ont aucune preuve en faveur de son interdiction, si ce n'est ce qu'ils se figurent être des preuves. Cependant, la Loi de l'Islam n'est pas fondée sur des illusions et sur l'imagination. Ainsi, le tawassoul par le Prophète n'est en rien une forme d'association, ce n'est pas une forme d'adoration d'autre que Allāh. En effet, selon les spécialistes de la langue eux-mêmes, la définition de l'adoration ne s'applique pas au tawassoul. L'adoration est, selon eux, l'obéissance avec l'extrême soumission. Al-'Azhouriyy qui est l'un des grands spécialistes de la langue, rapportant de Az-Zajjaj, l'un des plus connus d'entre eux, a dit : « L'adoration – al-`ibadah – c'est l'obéissance avec une soumission extrême ». Al-Farrā' a dit la même chose que lui. Un autre savant linguiste a dit : « L'adoration est l'extrême limite de la crainte et de la soumission ». Un autre a dit : « C'est l'extrême limite de l'humilité », conformément à la parole de celui qui a fait l'explication du livre Al-Qamous, à savoir Mourṭaḍâ Az-Zabîdiyy, l'ultime spécialiste de la Langue. Ainsi le tawassoul n'est pas une adoration d'autre que Dieu.

La preuve du Qour'ân étant sa parole ta`ālā :

﴿ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللَّـهَ وَابْتَغُوا إِلَيْهِ الْوَسِيلَةَ وَجَاهِدُوا فِي سَبِيلِهِ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ ﴾

ce qui signifie: « Ô vous qui avez cru, craignez Allāh et recherchez pour Son agrément les causes par lesquelles on fait le tawassoul ». [sôurat Al-Mâ'idah / 'âyah 35]

At-Tabarâniyy a rapporté que le Messager de Allāh a enseigné à l'aveugle qui était venu se plaindre à lui de la perte de sa vue, de dire :

« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّك محمّد نبيّ الرّحمة . يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »

(Allāhoumma 'innî 'as'alouka wa 'atawajjahou 'ilayka binabiyyika Mouḥammad, nabiyyi r-raḥmah. Yâ Mouḥammad 'innî 'atawajjahou bika 'ilâ rabbî fî ḥâjatî li touqḍâ lî)

ce qui signifie : « Ô Allāh, je Te demande et je T'adresse mon invocation par le degré de Ton prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j'adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu'elle me soit réglée ».

Al-Hâkim a rapporté que le Messager de Allāh a dit :

« لـمّا اقترف آدمُ الخطيئة قال : يا ربّ أسألك بحق محمد إلا ما غفرت لي »

ce qui signifie : « Lorsque ‘Adam a commis le petit péché, il a dit : Ô Seigneur, je Te demande par le degré de Mouḥammad, de me pardonner ». Dans la suite du ḥadīth il est cité que Adam a vu inscrit sur les piliers du Trône: il n’est de dieu que Dieu et Mouḥammad est le messager de Dieu, et il a dit j'ai su par cela que Mouḥammad est la créature que Dieu agrée le plus. Ceci est rapporté par al-Bayhaqiyy avec une chaîne de transmission qui remonte jusqu'au compagnon Òumar ibnou l-Khaṭṭâb que Dieu l'agrée.

Ibnou Majah a rapporté que le Messager de Allāh a dit ce qui signifie: « Lorsqu'un homme sort de sa maison pour aller faire la prière et dit: "Allāhoumma 'innî 'as'alouka bi-ḥaqqi s-sâ'ilîn `alayk wa bi-ḥaqqi mamchâyâ hadhâ. Fa 'innî lam 'akhrouj bataran wa lâ 'acharan wa la soum`atan. Kharajtou t-tiqâ'a Sakhatika wa btighâ'a marḍâtik. 'As'alouka 'an tounqidhanî mina n-nâr wa 'an taghfira lî dhounoûbî. 'Innahou lâ yaghfirou dh-dhounôuba 'il-lâ 'ant " » Allāh charge pour lui soixante-dix mille anges qui demandent qu'il soit pardonné et Allāh l'agrée jusqu'à ce qu'il finisse sa prière ». Le sens du dou`a' est : « Ô Allāh, je Te demande par le degré de ceux qui Te demandent et par le degré de ces pas que je fais maintenant. Je ne suis pas sorti par recherche de bonne reputation, ni orgueil, ni par insincérité, ni par recherche d'éloges. Je suis sorti par crainte de la menace de ton châtiment et par recherche de Ton agrément. Je Te demande de me sauver de l'enfer et de me pardonner mes péchés. Certes, ne pardonne les péchés que Toi ».

Al-Boukhâriyy, (Mouḥammad Ibnou Isma`îl, mort en 265 H), dans son livre Al-'Adabou l-Moufrad, chapitre de ce qu'on dit si la personne a été atteint par une paralysie, d'après Ibnou `Oumar, rapporte que sa jambe s'était quasiment paralysée. On lui avait alors dit : "Cite la personne que tu aimes le plus". Il a dit alors: " Yâ Mouḥammad – ô Mouḥammad –" et sa jambe a guéri, comme s'il n'avait rien eu.

Les Paroles de quelques Imams au sujet du Tawassoul

Le Hâfidh `Aliyy Ibnou `Abdi l-Kâfi, Taqiyyou d-dîn as-soubkiyy (mort en 786h) dans son livre chifa'ou s-siqâm fî ziyârati Khayri l-'Anâm en page 160 a dit: « Sache qu'il est permis et qu'il est bien de faire le tawassoul, l'istighâthah – la demande du renfort –, le tachaffou` – la demande d'intercession – par le Prophète à Allāh soubḥânahou wa ta`ālā. Le caractère permis de ces pratiques compte parmi les choses connues pour toute personne qui s'attache à la religion. C'est une chose bien connue à partir des actes des prophètes et des messagers, de la conduite des prédécesseurs vertueux – les gens du Salaf –, des savants et du commun des musulmans. Personne parmi les gens qui s'attachent à la religion ne l'a jamais renié et en aucune époque nous n'avons entendu que quiconque l'ait renié. Jusqu'à ce que vienne Ibnou Taymiyah qui a dit à ce sujet des propos par lesquels il trompait les faibles d'esprit et les immatures. Il a innové ce en quoi personne ne l'avait précédé à travers les siècles ».

L'Imam `Aliyy Ibnou `Aqîl Al-Hanbaliyy (mort en 503 h) dans son livre At-tadhkirah, manuscrit à la bibliothèque Dhahiriyyah à Damas, a dit : Il est recommandé pour lui de se rendre à la ville du Messager que Allāh l'élève davantage en degré, il va ainsi à sa mosquée et dit lorsqu'il entre :

(Bismi l-Lâh, Allāhoumma salli `ala Mouḥammad wa 'ali Mouḥammad wa ftah li 'abwaba raḥmatik... Allāhoumma 'inni 'atawajjahou 'ilayka binabiyyika ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallam, nabiyyi r-Rahmah. Yâ Raçoûla l-Lâh 'inni 'atawajjahou bika 'ila Rabbî liyaghfira lî dhounôubî. Allāhoumma 'inni 'as'alouka biḥaqqihi 'an taghfira li dhounôubî)

ce qui signifie: Par le nom de Allāh, ô Allāh, élève davantage le degré de Mouḥammad ainsi que celui de sa famille et ouvre pour moi les portes de Ta miséricorde... Ô Allāh, je T'adresse mon invocation par le degré de Ton prophète , le prophète de la miséricorde. Ô Messager de Allāh, j'adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur pour qu'Il me pardonne mes péchés. Ô Allāh, je Te demande par son degré de me pardonner mes péchés. Ainsi dans ce tawassoul que cite Ibnou `Aqîl, il y a une preuve qu'il est de l'habitude des musulmans de faire le tawassoul par le Prophète après sa mort sans que personne ne l'ait jamais renié, l'interdiction n'étant venue que de la part de Ibnou Taymiyah. Or Ibnou `Aqîl est l'un des piliers des Hanbaliyy : il fait partie de 'Ahlou t-takhrîj – un grade des savants de l'école qui peuvent extraire des jugements à partir de la parole du moujtahid de l'école, en l'occurrence ici l'Imam Ahmad Ibnou Hanbal – .

at-tabarâniyy (Soulaymân Ibnou 'Ahmad mort en 360 h) a rapporté dans ses deux livres Al-Mou`jam : Al-Kabîr et As-Saghîr, d'après `Outhmân Ibnou Hounayf, qu'un homme allait et venait pour voir `Outhmân Ibnou `Affân. Seulement, `Outhmân ne lui prêtait pas attention et n'étudiait pas son affaire. Il a alors rencontré `Outhmân Ibnou Hounayf et s'est plaint à lui à ce sujet. Ce dernier lui dit alors : Va à l'endroit où l'on fait les ablutions, fais tes ablutions puis accomplis deux rak`ah ensuite, dis :

« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّك محمّد نبيّ الرّحمة . يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »

(Allāhoumma 'innî 'as'alouka wa 'atawajjahou 'ilayka binabiyyika Mouḥammad nabiyyi r-Raḥmah. Yâ Mouḥammad 'innî 'atawajjahou bika 'ilâ rabbî fî Hâjatî li touqḍâ lî)

ce qui signifie: « Ô Allāh, je Te demande et je T'adresse mon invocation par le degré de Ton prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j'adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu'elle me soit réglée ». Va ensuite chez lui, j'irai avec toi. Cet homme fit alors ce qu'il lui avait dit et se présenta à la porte de `Outhmân. C'est alors que le portier vint le prendre par la main et le fit entrer auprès de `Outhmân Ibnou `Affân qui le fit asseoir à sa table et lui dit alors : De quoi as-tu besoin ? Il lui a cité son affaire, le calife la lui régla et lui dit : "Je ne me suis rappelé de ton affaire qu'à cette minute". Puis l'homme sortit de chez lui et rencontrant `Outhmân Ibnou Hounayf, il lui dit : Que Allāh te récompense en bien : il n'a considéré mon affaire et ne s'est occupé de moi qu'après que tu lui as parlé de moi. Alors, `Outhmân Ibnou Hounayf lui dit : Par Allāh, je ne lui ai pas parlé de toi. Mais voici ce dont j'ai été témoin lorsqu'un aveugle est venu au Messager de Allāh se plaindre à lui de la perte de sa vue. le Prophète lui a dit ce qui signifie : "Si tu veux, tu fais preuve de patience et si tu veux, je fais des invocations pour toi". L'homme lui dit alors : Ô Messager de Allāh, il m'est difficile de supporter la perte de ma vue et je n'ai personne pour me guider. Il lui dit alors ce qui signifie : Va à l'endroit où l'on fait les ablutions, fais tes ablutions puis accomplis deux rak`ah ensuite, dis ces paroles :

« اللهمّ إنّي أسألك وأتوجّه إليك بنبيّك محمّد نبيّ الرّحمة. يا محمّد إنّي أتوجّه بك إلى ربّي في حاجتي لتُقضى لي »

(Allāhoumma 'innî 'as'alouka wa 'atawajjahou 'ilayka binabiyyika Mouḥammad, nabiyyi r-rahmah. Yâ Mouḥammad 'innî 'atawajjahou bika 'ilâ rabbî fî hâjatî li touqdâ lî)

ce qui signifie: « Ô Allāh, je Te demande et je T'adresse mon invocation par le degré de Ton prophète Mouḥammad, le prophète de la miséricorde. ô Mouḥammad, j'adresse mon invocation par ton degré à mon Seigneur concernant mon affaire pour qu'elle me soit réglée » .

L'homme fit ce qu'il lui avait dit. `Outhmân ibnou Hounayf a dit : « Par Allāh, nous n'étions pas séparés et l'assemblée n'avait pas duré et l'homme (qui été aveugle) est revenu à nous en ayant retrouvé la vue comme s'il n'a jamais eu de handicap ». At- Tabarâniyy a dit : le ḥadīth est saḥîḥ. Il représente une preuve que l'aveugle a fait le tawassoul par le Prophète , sans être en sa présence : cet homme est au contraire parti à l'endroit ou l'on fait les ablutions, a fait les ablutions et a fait des invocations dans les termes que lui avait enseignés le Messager de Allāh. Puis, il est revenu auprès du Prophète alors que le Prophète n'avait pas quitté l'assemblée, pour preuve la parole du narrateur du hadîth `Outhmân Ibnou Hounayf : Par Allāh nous nous étions pas séparés et l'assemblée n'avait pas duré longtemps que l'homme est revenu en ayant recouvré la vue.

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