Interprétation Correcte du Qour'ān et du Hadīth - 6 - Langue arabe et Tajwīd
Certains des versets du Qour’ân [les versets non explicites] peuvent admettre du point de vue de la langue plusieurs sens. Ceux pour qui Allāh a voulu la bonne guidée, Il leur accorde la compréhension correcte des sens de ces versets (par le fait que Allāh leur facilite une personne de confiance qui leur enseigne le sens correcte).
Et la sagesse des versets non explicites, c’est que Allāh éprouve Ses esclaves pour que celui qui les interprète de la bonne façon obtienne une immense récompense et ceci est conforme à Sa parole ta`ālā:
يُضِلُّ بِهِ كَثِيرًا وَيَهْدِي بِهِ كَثِيرًا
(youḍillou bihî kathîran wa yahdî bihî kathîrâ)
qui signifie: « Allāh égare par le Qour’ân beaucoup de gens et Il guide par le Qour’ân beaucoup de gens » [sourat Al-Baqarah / ‘ayah 26]. Ainsi, ceux dont Allāh a voulu qu’ils soient guidés par le Qour’ân seront bien guidés. Le Qour’ân n’est donc pas une cause de bonne guidée pour la totalité des gens. Ces versets sont à l’exemple d’autres miracles du Prophète, certains les ont vu et y ont cru, et d’autres les ont vu mais ont refusé la foi et se sont égarés.
Le Messager de Allāh ṣalla l-Lâhou `alayhi wa sallâm a dit:
الْقُرْءانُ حُجَّةٌ لكَ أَوْ عَلَيكَ
(al-qour’ânou ḥoujjatoun laka ‘aw `alayka)
ce qui signifie: « Le Qour’ân est soit une preuve en ta faveur, soit une preuve contre toi » [rapporté par Mouslim]. Ainsi, si quelqu’un donne une mauvaise interprétation des versets du Qour’ân, cela se retournera contre lui.
Et Allāh dit au sujet du Qour’ân:
وَهَذَا لِسَانٌ عَرَبِيٌّ مُّبِينٌ
(wa hâdha liçânoun `arabiyyoun moubîn)
ce qui signifie : « Et ceci (la révélation) est une langue arabe claire » [sourat An-Naḥl / ‘ayah 103].
On comprend de cette ‘âyah qu’une des bases essentielles pour la bonne compréhension du Qour’ân, c’est bien sûr la connaissance de la langue arabe. En effet, sans la maîtrise de cette langue, il n’est pas possible à la personne de connaître et de comprendre tous les sens valables du point de vue de la langue pour les expressions qui ont été mentionnées dans la révélation.
Nous allons donc à travers ce cours mentionner un certain nombre de textes qui sont sujets à interprétation, et en donner le sens correct du point de vue de la langue arabe et du point de vue de la Loi, en nous référant aux explications données par les savants spécialistes de l’exégèse.
Nous parlerons dans un premier temps des preuves du Qour’ân indiquant qu’il existe des versets explicites et des versets non explicites, ainsi que les preuves du ḥadīth concernant leur interprétation (at-ta’wîl).
Preuves du Qour’ân sur l’existence de versets explicites et de versets non explicites
Allāh ta`ālā dit:
هُوَ الَّذِيَ أَنزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ ءايَاتٌ مُّحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ الْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ
(houwa l-ladhî ‘anzala `alayka l-kitâba minhou ‘âyâtoun mouḥkamâtoun hounna ‘oummou l-kitâbi wa ‘oukharou moutachâbihât)
ce qui signifie: « C’est Lui Qui a fait descendre sur toi le Livre qui comporte des verset explicites (mouḥkamah) qui sont la base du Livre (qui constituent la majeur partie des versets du Qour’ân) et d’autres [versets qui sont] non explicites (moutachâbihah) » [sourat ‘Ali `Imrân / ‘ayah 7].
Les ‘âyah explicites (mouḥkamah) sont celles qui n’admettent qu’un seul sens du point de vue de la langue arabe, ou [autre définition] celles dont le sens qui est visé a été clairement connu [comme dans le cas où tous les compagnons se sont réunis sur une même explication]. Ces versets ont été appelés (‘oummou l-kitâb) c’est à dire la base du Livre, car c’est à partir de ces versets qu’on se réfère pour l’explication des versets non explicites.
Les ‘ayah non explicites (moutachâbihah) sont celles qui peuvent admettre du point de vue de la langue arabe plusieurs sens. Elles nécessitent donc de considérer leur sens ou leur explication ou interprétation, en fonction de la concordance avec les versets explicites [qui eux n’admettent qu’un seul sens ], car les interpréter dans un sens qui contredirait les versets explicites amènerait alors une contradiction dans les textes et ceci est impossible. Cette règle fondamentale et extrêmement importante de l’exégèse a été citée par le Chaykh Fakhrou d-Dīn Ar-Râzi dans son livre Al-Maḥsôul.
Ainsi, les savants spécialistes de l’exégèse ont indiqué qu’on ne donne un autre sens que le sens apparent pour les ‘âyah moutachâbihah que lorsqu’il y a une justification selon la Loi [c’est à dire selon les textes de la charî`ah] ou une justification selon la raison [car la croyance musulmane n’est pas en contradiction avec le jugement rationnel]. C’est donc une preuve provenant d’un texte qui nous amène à nous détourner du sens apparent, ou bien une preuve selon la raison qui nous amène à nous détourner du sens apparent.
Dans la suite du verset précédemment cité, Allāh ta`ālā dit:
فَأَمَّا الَّذِينَ في قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاء الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاء تَأْوِيلِهِ
(fa ‘amma l-ladhîna fî qoulôubihim zayghoun fayattabi`ôuna mâ tachâbaha minhou b-tighâ’a l-fitnati wa b-tighâ’a ta’wîlih)
ce qui signifie: « Quant à ceux qui ont leurs cœurs déviés, ils suivent ce qui n’en est pas explicite pour faire tomber les gens dans l’égarement et faire de mauvaises interprétations ».
Allāh a décrit dans la suite du verset l’état de ceux qui se sont égarés en s’attachant à donner aux versets non explicites des sens qui contredisent les versets explicites. Tel est le cas de ceux qui attribuent à Allāh le corps, le mouvement, les organes, les changements d’humeur, tout ceci en raison du fait qu’ils ont interprété des versets non explicites par un sens qu’il n’est pas digne d’attribuer à Allāh. Nous verrons par la suite plusieurs exemples appuyés par des preuves indiquant l’interprétation correcte de ces versets.
Le messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam a dit:
إِذَا رَأَيْتُمُ الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ فَأُولَئِكَ الَّذِينَ سَمَّى اللَّهُ فَاحْذَرُوهُمْ
(‘idhâ ra’aytoumou l-ladhîna yattabi`ôuna ma tachâbaha minhou fa ‘oulâ’ika l-ladhîna samma l-Lâhou faḥdharôuhoum)
ce qui signifie: « Si vous voyez ceux qui suivent ce qui en est moutachâbih (c’est-à-dire ceux qui s’attachent au sens apparent des versets non explicites), ce sont ceux-là que Allāh a mentionné [et qu’Il a blâmé dans ce qui a été cité dans sourat ‘Ali `Imrān, verset 7], prenez garde à eux ! » [ḥadīth rapporté par Mouslim dans son ṣaḥīḥ].
Dans le suite du verset 7 de sourat ‘Āli `Imrān, Allāh ta`ālā dit:
وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ ءامَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا
(wa mâ ya`lamou ta’wîlahou ‘il-la l-Lâhou wa r-râçikhôuna fi l-`ilmi yaqôulôuna ‘âmannâ bihi koulloun min `indi rabbinâ)
ce qui signifie: « et ne sait son interprétation que Allāh ainsi que ceux qui sont versés dans la science, ceux-là disent : nous avons foi en lui, tout est de la part de notre Seigneur ».
Ainsi, ceux qui ont été appelé (ar-râçikhôuna fi l-`ilm), c’est-à-dire, ceux qui sont versés dans la science, connaissent l’interprétation correcte des versets non explicites. Parmi ceux qui sont versés dans cette science, il y a le compagnon et cousin du Prophète, `Abdou lLâh Ibnou `Abbâs, que Allāh l’agrée. Nous verrons par la suite certaines des interprétations qu’il a donné.
Le Prophète ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam avait fait une invocation en faveur d’Ibnou `Abbâs, pour que Allāh lui accorde la science de l’interprétation (at-ta'wîl) par sa parole :
اللهُمَّ عَلِّمْهُ الحِكْمَةَ وَتَأوِيلَ الكِتَاب
(Allāhoumma `allimhou l-ḥikmata wa ta’wîla l-kitâb)
qui signifie: « Ô Allāh enseigne lui la sagesse et l’interprétation du Livre » [ḥadīth rapporté par Al-Boukhāriyy, Ibnou Mâjah et le ḥâfiḍh Ibnou l-Jawziyy].
Pour faire une comparaison du niveau de compréhension dans la langue arabe, de la part des assimilateurs, ceux qui font ressembler Allāh à ses créatures, leur niveau ressemble au niveau de compréhension dans la langue française d’une personne qui, après avoir entendu les expressions suivantes, les comprendraient uniquement dans le sens apparent, en rejetant tout autre sens, voyez le résultat : parmi les expressions que nous pouvons citer, il y a « Jeter un œil » qui signifie : surveiller, ou protéger, ou l’expression : « Avoir le dessus sur son adversaire » qui signifie : vaincre son adversaire, ou l’expression « Il a la main mise sur les décisions de ces dirigeants » qui signifie qu’il a influencé et contrôlé les décisions de ces dirigeants, ou encore l’expression « Prêter l’oreille » qui signifie : écouter avec attention ou enfin l’expression « Je garde cet enfant sous mon aile » qui signifie : je garde cet enfant sous ma protection et mon soutien.
Imaginez maintenant ce que comprendrait une personne qui ne retiendrait que le sens apparent de ces expressions … et bien malheureusement, c’est ce que font ces assimilateurs ignorants de la langue arabe, lorsqu’ils prétendent que Allāh aurait des mains, un visage, des pieds, qu’Il serait au dessus de ses créatures physiquement dans la direction du haut, qu’Il serait à la fois installé sur un trône et en même temps continuellement en mouvement entre le trône et le ciel. Ce sont ces croyances là que les égarés anthropomorphistes propagent de nos jours.
Les versets explicites
La plupart des textes de la révélation du Qour’ân et du ḥadîth sont des textes explicites. Nous allons citer les principaux versets explicites qui concernent la croyance au sujet de Allāh.
Allāh ta`ālā dit:
فَلاَ تَضْرِبُواْ للهِ الأَمْثَالَ
(falâ taḍribôu li l-Lâhi l-‘amthâl)
ce qui signifie: « N’attribuez pas d’équivalents (ou des semblables) à Allāh » [sôurat An-Naḥl / ‘âyah 74].
Les savants spécialistes des fondements de la croyance ont dit que la plus explicite des ‘âyah du Qour’ân au sujet de la non ressemblance absolue entre Allāh et ses créatures, c’est le verset 11 de sôurat Ach-Chôurâ:
لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْءٌ
(layça kamithlihi chay’)
qui signifie: « Rien (dans l’absolu) n’a de ressemblance avec Lui ».
Ainsi, ces versets sont explicites dans la croyance sur le fait de ne pas attribuer de ressemblants à Allāh, c’est-à-dire de ne pas Le faire ressembler à ce qu’Il a créé, de quelque point de vue que ce soit. C’est pour cela que nous sommes catégoriques à nier au sujet de Allāh toute ressemblance avec les corps, car les corps, qu’ils soit palpables ou impalpables sont tous créés, et Allāh existe avant l’existence des créatures, avant l’existence des corps, Il n’a donc aucune ressemblance avec les corps.
Allāh ta`ālā dit:
وَلاَ يُحِيطُونَ بِهِ عِلْمًا
ce qui signifie: « Et ils ne cernent pas Sa Réalité » [sôurat Ṭâhâ, ‘âyah 110]. Ce verset nous fait comprendre que notre connaissance au sujet de Allāh n’est pas par notre imagination. Mais notre raison, elle, confirme bien Son existence, et confirme bien également les attributs qui Lui sont obligatoires, comme la science de toute chose, la toute puissance, la volonté ou la non ressemblance avec ce qui entre en existence.
Ainsi, tout verset ou toute parole prophétique dont le sens apparent pourrait contredire les versets précédemment mentionnés, nécessiteront une interprétation, car il n’y a pas de contradiction dans le Qour’ân ou le ḥadīth du Messager de Allāh ṣalla l-Lāhou `alayhi wa sallam.
Le Moufassir (spécialiste de l’exégèse du Qour’ân) Aḥmad Ar-Rifâ`iyy, que Allāh l’agrée, a expliqué cette règle importante dans son livre Al-Bourhânou l-Mou’ayyad lorsqu’il a dit :
صونو عقائدكم من التّمسّك بظاهر ما تشابه من الكتاب والسّنّة فإنّ ذالك من أصول الكفر
Ce qui signifie: « Préservez vos croyances de l’attachement au sens apparent de ce qui n’est pas explicite parmi les expressions du Livre (du Qour’ân) et de la Sounnah, car c’est une des sources de mécréance ».