Exégèse sourate Al-Balad. Coran en français

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm

Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm.

Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'Aʿrāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens.

Sourate Al-Balad (la Cité) est mecquoise et comporte vingt 'āyah

﴿لَا أُقْسِمُ بِهَٰذَا الْبَلَدِ﴾

Lā ’uqsimu bihādha al-balad [1]

Je jure par cette cité (Makkah).

Le sens le plus juste est : Je jure par cette cité. Al-Qourţoubiyy a dit : « La cité est Makkah, ils sont unanimes à ce sujet. C’est-à-dire : Je jure par la Cité sacrée dans laquelle tu te trouves, en raison de ta dignité selon le jugement de Allāh et que tu es bien agréé par Allāh »

﴿وَأَنتَ حِلٌّ بِهَٰذَا الْبَلَدِ﴾

Wa ’anta ḥillun bihādha al-balad [2]

Et tu es libre dans cette cité (la Mecque).

C’est-à-dire tu es libre de faire ce que tu veux, tu peux conquérir la Mecque.

Moujāhid a dit : « Il n’y a pas sur toi ce qu’il y a sur les gens comme péché. » Ceci est un éloge du Prophète ﷺ, car il ﷺ y réside, la respecte, et ne commet rien d’interdit, connaissant le droit de cette Demeure, contrairement aux polythéistes qui commettent la mécréance en Allāh en ce lieu. Ceci contient également un reproche et un blâme pour les polythéistes.

﴿وَوَالِدٍ وَمَا وَلَدَ﴾

Wa wālidin wa mā walad [3]

Et par un père et ce qu’il a engendré (c’est-à-dire Adam et les vertueux parmi sa descendance).

C’est un serment par ’Adam et les vertueux de sa descendance, parmi lesquels se trouvent les Prophètes et ceux qui appellent les gens à obéir à Allāh. Il a été dit aussi : les enfants d’Ibrāhīm et ce qu’il a engendré.

﴿لَقَدْ خَلَقْنَا الْإِنسَانَ فِي كَبَدٍ﴾

Laqad khalaqnā l-’insāna fī kabad [4]

Certes, Nous avons créé l’être humain endurant les épreuves et les difficultés.

Le serment se termine ici, et ceci est sa réponse. Allāh peut jurer par ce qu’Il veut de Ses créatures pour les glorifier, comme mentionné précédemment. L’être humain ici est un nom de genre, c’est-à-dire ’Adam et sa descendance.

Al-Boukhāriyy a dit : {fī kabad} : dans la difficulté. Ibnou ʿAbbās a dit : {fī kabad} c’est-à-dire dans la peine, et la peine est la fatigue. Al-Ḥaçan a dit : Il endure les malheurs de ce monde et les épreuves de l’au-delà.

Al-Qourţoubiyy a dit : Nos savants ont dit : La première chose qu’il endure est la coupure de son cordon ombilical, puis quand il est emmailloté et bien attaché, il endure l’étroitesse et la fatigue, puis il endure l’allaitement et s’il le ratait, il serait perdu. Puis il endure la pousse de ses dents et le mouvement de sa langue. Puis il endure le sevrage qui est plus difficile pour lui que la gifle. Puis il endure la circoncision, les douleurs et les chagrins. Puis il endure l’enseignant et son autorité, l’éducateur et sa politique, et le maître et sa prestance. Puis il endure la préoccupation du mariage et l’empressement pour celui-ci. Puis il endure la préoccupation des enfants, des serviteurs et des armées. Puis il endure la préoccupation des demeures et la construction des palais. Puis la vieillesse et la décrépitude, et la faiblesse des genoux et des pieds, dans des malheurs dont le compte est long et des calamités dont l’énumération est fastidieuse : maux de tête, douleurs dentaires, conjonctivite, souci de la dette, douleurs dentaires, douleurs auriculaires, et il endure des épreuves dans les biens et l’âme comme les coups et l’emprisonnement, et pas un jour ne passe sans qu’il ne souffre de difficultés et n’endure des peines. Puis la mort après tout cela, puis l’interrogatoire de l’ange, la pression et l’obscurité de la tombe, puis la résurrection et la présentation pour être jugé par Allāh jusqu’à ce qu’il s’établisse soit au Paradis, soit en Enfer. S’il en était de son ressort, il ne choisirait pas ces difficultés, et cela indique que l’esclave (l’être humain) a un Créateur qui l’a ordonné et lui a décrété ces états, qu’il obéisse donc à Son ordre.

﴿أَيَحْسَبُ أَن لَّن يَقْدِرَ عَلَيْهِ أَحَدٌ﴾

’Ayaḥsabu ’an llan yaqdira ʿalayhi ’aḥad [5]

Pense-t-il que nul ne pourra rien contre lui ?

Ar-Rāzī a dit : Sa parole {’Ayaḥsabu} est une interrogation sous forme de dénégation, et le sens est : l’esclave (l’être humain) fort et puissant parmi les mécréants de Quraych pense-t-il qu’en raison de sa force, personne ne pourra le ressusciter et le châtier ?

﴿يَقُولُ أَهْلَكْتُ مَالًا لُّبَدًا﴾

Yaqūlu ’ahlaktu mālan lubadā [6]

Il dit : « J’ai gaspillé une fortune accumulée.

C’est-à-dire : Il dit : J’ai dépensé beaucoup d’argent accumulé dans l’hostilité envers Mouḥammad ﷺ.

﴿أَيَحْسَبُ أَن لَّمْ يَرَهُ أَحَدٌ﴾

’Ayaḥsabu ’an lam yarahu ’aḥad [7]

Pense-t-il que nul ne l’a vu ?

C’est-à-dire : Pense-t-il que Allāh ne l’a pas vu ? Au contraire, des gardiens sont sur lui, qui inscrivent tout ce qui émane de lui comme paroles et actes durant sa vie et les recensent jusqu’au Jour de la Rétribution, le jour où ni les biens ni les enfants ne seront utiles, sauf celui qui vient à Allāh avec un cœur sain de toute mécréance.

﴿أَلَمْ نَجْعَل لَّهُ عَيْنَيْنِ﴾

’Alam najʿal lahu ʿaynayn [8]

Ne lui avons-Nous pas donné deux yeux ?

Ceci est une interrogation de confirmation, c’est-à-dire : Nous lui avons donné deux yeux avec lesquels il voit.

﴿وَلِسَانًا وَشَفَتَيْنِ﴾

Wa lisānan wa shafatayn [9]

Et une langue et deux lèvres

C’est-à-dire : Nous lui avons donné une langue avec laquelle il parle et deux lèvres qu’il ferme sur sa bouche, et il utilise la langue et les lèvres pour manger, boire, souffler, et d’autres de ses besoins. Le sens est : Allāh lui a créé ce qui indique qu’Il est tout puissant pour le ressusciter après sa mort.

﴿وَهَدَيْنَاهُ النَّجْدَيْنِ﴾

Wa hadaynāhu n-najdayn [10]

Et Nous lui avons montré les deux voies claires (le bien et le mal).

C’est-à-dire que Allāh Taʿâlâ a montré à l’être humain le chemin du bien et le chemin du mal, comme l’ont dit ʿAliyy ’Ibn ’Abī Ṭālib, Al-Boukhāriyy et d’autres. Al-Ḥāfiḍh a dit dans Al-Fatḥ et Aţ-Ţabarāniyy a rapporté avec une chaîne de transmission bonne de Ibni Masʿoūd qui a dit : An-najdayn le chemin du bien et du mal, et Al-Ḥākim l’a authentifié. Ar-Rāghib a dit dans Al-Moufradāt : An-najd est un lieu élevé et rude, ainsi "Wa hadaynāhu n-najdayn" représente les deux chemins de la vérité et du faux dans la croyance, de la vérité et du mensonge dans les paroles, et du bien et du mal dans les actions, et Allāh a expliqué qu’Il les a fait connaître comme Sa parole Taʿâlâ : ﴾إِنَّا هَدَيْنَاهُ السَّبِيلَ﴿ ’Innā hadaynāhu s-sabīl [sourat Al-’Insān / ’āyah 3] qui signifie : "Nous lui avons montré la voie du bien".

﴿فَلَا اقْتَحَمَ الْعَقَبَةَ﴾

Fa lāqtaḥama l-ʿaqabah [11]

Mais il n’a pas franchi la voie difficile.

C’est-à-dire : N’a-t-il pas franchi l’obstacle, c’est-à-dire l’a-t-il traversé ? Et l’obstacle est la chose difficile pour l’âme, comme supporter les grands sujets de la foi en Allāh et en Son Messager ﷺ et ce qui s’ensuit, comme dépenser des biens précieux dans la voie agréée par Allāh et ce qui est semblable. Al-Boukhāriyy a dit : « Il n’a pas franchi l’obstacle dans ce monde. »

﴿وَمَا أَدْرَاكَ مَا الْعَقَبَةُ﴾

Wa mā ’adrāka mal-ʿaqabah [12]

Et qu’est-ce qui te fera savoir ce qu’est la voie difficile ?

C’est-à-dire : Et qu’est-ce qui t’a appris ce qu’est le franchissement de l’obstacle, pour glorifier son importance. Et ceci est une glorification de l’engagement envers l’ordre de la religion.

﴿فَكُّ رَقَبَةٍ﴾

Fakku raqabah [13]

C’est de libérer un esclave.

C’est-à-dire : Le libérer de l’esclavage en l’affranchissant.

﴿أَوْ إِطْعَامٌ فِي يَوْمٍ ذِي مَسْغَبَةٍ﴾

’Aw ’iṭʿāmun fī yawmin dhī masghabah [14]

Ou de nourrir en un jour de grande faim.

C’est-à-dire : de famine, et as-saghab est la faim. Donc, nourrir est une vertu, et c’est encore mieux en temps de faim.

Ibnou Kathīr, ’Abū ʿAmr, Al-Kisā’iyy et ’Abū Bakr de ʿĀṣim ont lu "fakka" avec une fatḥah sur le kāf et "raqabah" à l’accusatif, ou "aṭʿama" avec une fatḥah sur le hamzah et le mīm et un soukoun sur le ṭā’ sans alif.

﴿أَوْ مِسْكِينًا ذَا مَتْرَبَةٍ﴾

’Aw miskīnan dhā matrabah [16]

Ou un pauvre dans le dénuement le plus total.

C’est celui qui est jeté sur la terre en raison de son extrême pauvreté.

﴿ثُمَّ كَانَ مِنَ الَّذِينَ آمَنُوا وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ وَتَوَاصَوْا بِالْمَرْحَمَةِ﴾

Thumma kāna mina l-ladhīna ’āmanū wa tawāṣaw biṣ-ṣabri wa tawāṣaw bil-marḥamah [17]

Et il était de ceux qui ont cru et se sont recommandé mutuellement la patience et se sont recommandé mutuellement la miséricorde.

(Thumma kāna mina l-ladhīna ’āmanū) signifie : et il était de ceux qui ont cru, c’est-à-dire au moment de libérer l’esclave et de nourrir, car la condition de l’acceptation des actes d’obéissance est la foi en Allāh et en Son Messager. Ibnou ṣ-Ṣalāḥ a dit dans son commentaire sur Mouslim : Et il n’est pas visé par cela le fait de retarder la foi après le fait de nourrir.

Et Sa parole Taʿâlâ Wa tawāṣaw bi ṣ-ṣabri c’est-à-dire qu’ils se sont recommandé mutuellement la patience dans l’obéissance et l’abstinence du péché. Wa tawāṣaw bi l-marḥamah c’est-à-dire la compassion et la miséricorde. Et le Messager de Allāh ﷺ a dit ce qui signifie: « soyez miséricordieux envers les habitants de la terre, les habitants du ciel vous feront miséricorde. » Rapporté par Al-Ḥākim et authentifié par lui et approuvé par Adh-Dhahabiyy. Et par cette narration, la narration célèbre est expliquée : « soyez miséricordieux envers ceux qui sont sur la terre, ceux qui sont au ciel vous feront miséricorde », comme l’a dit Chaykhou l-Ḥouffāẓ Al-ʿIrāqiyy dans ses ’Amālī : Et les habitants du ciel sont les anges.

﴿أُولَٰئِكَ أَصْحَابُ الْمَيْمَنَةِ﴾

’Ūlā’ika ’aṣḥābu l-maymanah [18]

Ceux-là sont les gens sauvés et recevront leurs livres par leur droite.

C’est-à-dire que ceux qui sont décrits par ces qualités sont les gens sauvés et recevront leurs livres par leur droite.

﴿وَالَّذِينَ كَفَرُوا بِآيَاتِنَا هُمْ أَصْحَابُ الْمَشْأَمَةِ﴾

Wa l-ladhīna kafarū bi’āyātinā hum ’aṣḥābu l-mash’amah [19]

Tandis que ceux qui n’ont pas cru en Nos ’āyah, ce sont les gens de la perdition et recevront leurs livres de la gauche.

C’est-à-dire que ceux qui ont mécru au Qour’ān.ce sont les gens de la perdition et recevront leurs livres de la gauche.

﴿عَلَيْهِمْ نَارٌ مُّؤْصَدَةٌ﴾

ʿAlayhim nārun mu’ṣadah [20]

Sur eux, le feu sera refermé.

C’est-à-dire que les portes de l’enfer seront fermées sur eux et verrouillées, aucune porte ne leur sera ouverte.

Ibnou Kathīr, Nāfiʿ, Ibnou ʿĀmir, Al-Kisā’iyy et ’Abū Bakr de ʿĀṣim ont lu "mūṣadah" sans hamzah. Allāh sait plus que tout autre.

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