Tafsir & Exégèse de Sourate Al-Qalam - Coran en français

بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم

Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm | Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm.

Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'A^rāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens

Sūrat al-Qalam est une sourate mecquoise composée de cinquante-deux versets.

Cette sourate fait suite à la précédente en ce que Allāh y a mentionné les états des bienheureux et des malheureux, Sa puissance éclatante et Sa vaste science. Il a également averti qu'Il pourrait, s'Il le voulait, les faire engloutir par la terre ou leur envoyer une averse de pierres. Ce que Allāh a révélé est ce que le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a reçu par la révélation, alors que les mécréants l'attribuaient tantôt à la poésie, tantôt à la magie, tantôt à la folie. Allāh, par conséquent, a commencé cette sourate en disculpant le Prophète صلى الله عليه وسلم de la folie qu'ils lui attribuaient, en magnifiant sa récompense pour sa patience face à leur nuisance, et en faisant l'éloge de son comportement sublime. Il a dit, `Azza WA jall :

68|1| Nūn wa l-qalami wa mā yasṭurūn

Nūn. Par le calame et ce qu'ils écrivent.

Ibn Kathīr, Nāfi^ (avec une variante pour Warsh), Abū ^Amr, Ḥamzah et Ḥafṣ ont lu la nūn avec une prononciation distincte (sans idghām) de la wāw du serment, tandis qu'Ibn ^Āmir, al-Kisā'ī, Shu^bah, Khalaf et Ya^qūb l'ont lue en idghām. Nūn est une des lettres de l'alphabet, et Allāh est le plus savant de ce qu'Il veut par cela. La wāw est une wāw de serment, signifiant que notre Seigneur, `Azza wa Jall, jure par le calame (la plume). Le calame est connu, mais celui par lequel notre Seigneur a juré est celui qu'Il a créé et qu'Il a ordonné d'écrire tout ce qui existera jusqu'au Jour du Jugement, comme les durées de vie, les actions, les subsistances, etc. Quant à "wa mā yasṭurūn", cela signifie ce qu'ils écrivent, c'est-à-dire ce que les anges gardiens écrivent comme actions des fils d'Ādam.

68|2| Mā 'anta bi ni^mati rabbika bi majnūn

Tu n'es point, par la grâce de ton Seigneur, un possédé.

Ô Muḥammad, "bi ni^mati rabbika" signifie grâce à la grâce de ton Seigneur sur toi, par la foi, la prophétie et d'autres choses. "bi majnūn" signifie que tu n'es pas possédé par un démon. Ibn al-Mundhir a rapporté d'Ibn Jurayj que les mécréants disaient du Prophète صلى الله عليه وسلم qu'il était possédé, alors ce verset fut révélé. Cela signifie que par la grâce de ton Seigneur sur toi, à travers la foi et la prophétie, tu n'es pas fou. Les grâces de Allāh sont manifestes sur toi par une éloquence parfaite, une intelligence complète, une conduite satisfaisante et une absence de défauts et d'erreurs. Il y a là une réfutation et une dénégation de ce que les polythéistes disaient, à savoir qu'il était fou.

68|3| Wa 'inna laka la 'ajran ghayra mamnūn

Et il y aura pour toi une immense récompense ininterrompue.

Ô Muḥammad, "la 'ajran" signifie une grande récompense de la part de Allāh pour ta patience face à la nuisance des polythéistes. Que ce qu'ils ont dit ne t'empêche pas d'appeler les gens à l'Islam. "ghayra mamnūn" signifie non diminuée et non interrompue.

68|4| Wa 'innaka la ^alā khuluqin ^aḍhīm

Et tu as certes un comportement éminent.

Ô Muḥammad, "la ^alā khuluqin ^aḍhīm". Muslim a rapporté de ^Ā'ishah, que Allāh l'agrée et son père, qu'elle a dit : "Certes, le caractère du Prophète de Allāh صلى الله عليه وسلم était le Qur'ān." La signification de ce verset est : tu es certes sur le caractère que Allāh t'a ordonné d'avoir dans le Qur'ān.

68|5| Fa sa tubṣiru wa yubṣirūn

Tu verras bientôt, et ils verront.

Ô Muḥammad, tu sauras bientôt, et les polythéistes de la Mecque sauront au Jour du Jugement. C'est une menace pour eux.

68|6| Bi 'ayyikum l-maftūn

Qui d'entre vous est le possédé.

Lequel des deux groupes est fou : est-ce le groupe dans lequel tu es avec les croyants, ou est-ce l'autre groupe ?

68|7| Inna rabbaka huwa 'a^lamu bi man ḍalla ^an sabīlihi wa huwa 'a^lamu bi l-muhtadīn

Ton Seigneur sait qui s'est égaré de Son chemin, et Il sait qui sont les bien-guidés.

Ô Muḥammad, "huwa 'a^lamu" signifie Allāh sait "bi man ḍalla ^an sabīlihi", c'est-à-dire qui s'est écarté de la religion qu'Il agrée. "wa huwa 'a^lamu bi l-muhtadīn", c'est-à-dire Allāh sait qui sont les bien-guidés, qui sont sur le bon chemin. Il récompensera chacun d'après son œuvre.

68|8| Fa lā tuṭi^i l-mukaḍhdhibīn

N'obéis donc pas aux négateurs.

Ô Muḥammad, les chefs des Mecquois l'ont invité à leur religion. "al-mukaḍhdhibīn" sont ceux qui ont renié ce que Allāh t'a révélé. C'est une interdiction de leur obéir en quoi que ce soit de ce qu'ils l'invitaient à faire, comme d'abandonner son appel pour qu'ils abandonnent le leur, ou de magnifier leurs idoles qu'ils adoraient en dehors de Allāh, etc.

68|9| Waddū law tudhinu fa yudhinūn

Ils voudraient que tu sois complaisant afin qu'ils soient conciliants.

Ils aimeraient que "law tudhinu", c'est-à-dire que tu adoucisses ta position envers eux, "fa yudhinūn", c'est-à-dire qu'ils adoucissent la leur envers toi. La signification du verset est qu'ils désiraient que tu laisses certaines de tes pratiques qu'ils n'apprécient pas, en signe de compromis avec eux, pour qu'ils fassent de même, et qu'ils délaissent certaines choses que tu n'approuves pas.

68|10| Wa lā tuṭi^ kulla ḥallāfin mahīn

Et n'obéis à aucun grand jureur, sans valeur.

Ô Muḥammad, "kulla ḥallāfin", c'est-à-dire tout individu qui jure beaucoup par le mensonge. "mahīn", c'est-à-dire méprisable dans son opinion et son discernement. Certains ont dit que mahīn signifie un grand menteur, car c'est par mépris pour sa propre âme que l'homme ment.

Le ḥāfiḍh Ibn Ḥajar, dans Fatḥu l-Bārī, a dit : "Il y a eu divergence sur la personne à propos de laquelle ce verset a été révélé. Il a été dit que c'était al-Walīd ibn al-Mughīrah, et Yaḥyā ibn Sallām l'a mentionné dans son tafsīr. Il a été dit que c'était al-Aswad ibn ^Abd Yaghūth, et Sunayd ibn Dāwūd l'a mentionné dans son tafsīr. Il a été dit que c'était al-Akhnas ibn Sharīq, et as-Suhaylī l'a rapporté de al-Qutaybī. aṭ-Ṭabarī a rapporté ces deux opinions en disant : on dit que c'est al-Akhnas, et certains prétendent que c'est al-Aswad, mais ce n'est pas lui. Ceux qui ont dit que c'était ^Abdu r-Raḥmān ibn al-Aswad ont dit une chose éloignée de la vérité, car il était trop jeune pour cela, et il est devenu musulman et a été mentionné parmi les compagnons." Fin de citation.

68|11| Hammāzin mashshā'in bi namīm

Grand diffamateur, qui répand la médisance.

Ibn ^Abbās a dit : "C'est le médisant." La médisance est de mentionner ton frère musulman en son absence avec ce qu'il déteste. Abū Dāwūd a rapporté dans ses sunan que Anas ibn Mālik, que Allāh l'agrée, a dit que le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie : "Quand j'ai été élevé au ciel, je suis passé devant un groupe de gens qui avaient des ongles en cuivre et se griffaient le visage et la poitrine. J'ai dit : 'Qui sont ceux-là, ô Jibrīl ?' Il a dit : 'Ce sont ceux qui mangeaient la chair des gens et s'en prenaient à leur honneur.'" "mashshā'in bi namīm", c'est-à-dire qui colporte la médisance entre les gens pour semer la discorde. La namīmah est de rapporter des paroles pour semer la corruption. Le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie : "Le qattāt n'entrera pas au paradis [parli les premiers]." Rapporté par al-Bukhārī. Le qattāt est le nammām (colporteur de médisance). La signification du ḥadīth est qu'il n'entrera pas avec les premiers.

68|12| Mannā^in li l-khayri mu^tadin athīm

Grand empêcheur du bien, transgresseur, grand pécheur.

Il est apparent ici que le mot "khayr" désigne le bien en général. C'est ce qu'a dit Abū Ḥayyān. D'autres ont dit que cela signifie avare de ses biens, ou qu'il empêche sa progéniture et son clan de devenir musulman en leur disant que celui qui entre dans la religion de Muḥammad ne recevra jamais rien de lui. "mu^tadin" signifie qu'il transgresse les limites en opprimant les gens et en étant dans le faux. "athīm" signifie qui commet de nombreux péchés

68|13| ^Utullin ba^da dhālika zanīm

Brutal et en plus de cela zanīm

Cela signifie grossier et brutal. D'autres ont dit que cela désigne celui qui violente les gens, les emprisonne et les frappe. D'autres ont dit que c'est celui qui est très querelleur et qui soutient le faux. D'autres ont dit que c'est le dépravé, le misérable. D'autres ont dit que c'est celui qui est un grand mangeur, un grand buveur, un oppresseur. "ba^da dhālika", c'est-à-dire en plus de tout cela, il est "zanīm". Cela signifie qu'en plus de toutes ces mauvaises qualités, il est un zanīm, qui est celui dont la filiation est douteuse et qui n'est pas de la tribu des Quraysh. Il a aussi été dit que zanīm est celui qui est connu pour sa méchanceté, tout comme le mouton est reconnu par ses zanamah, qui sont les parties qui pendent de son oreille et de sa gorge. Al-Bukhārī a rapporté d'Ibn ^Abbās, que Allāh les agrée, à propos de l'explication de "^utullin ba^da dhālika zanīm", il a dit : "Un homme des Quraysh qui a une zanamah, comme la zanamah du mouton." Rapporté par al-Bukhārī dans son Ṣaḥīḥ, chapitre sur le tafsīr, section sur "^utullin ba^da dhālika zanīm".

Al-Bukhārī a également rapporté de Ḥārithah ibn Wahb al-Khuzā^ī qui a dit : "J'ai entendu le Prophète صلى الله عليه وسلم dire :  ce qui signifie : 'Voulez-vous que je vous informe des gens du Paradis ? C'est tout [croyant vertueux d'apparence] faible, humble, qui, s'il jure par Allāh, Il l'exauce. Voulez-vous que je vous informe des gens de l'Enfer ? C'est tout brutal, arrogant et orgueilleux.'" Rapporté par al-Bukhārī dans son Ṣaḥīḥ, chapitre sur le tafsīr, section sur "^utullin ba^da dhālika zanīm" de la sourate Nūn.

Ibn Jarīr a rapporté d'Ibn ^Abbās qui a dit : "Il a été révélé au Prophète صلى الله عليه وسلم "wa lā tuṭi^ kulla ḥallāfin mahīn, hammāzin mashshā'in bi namīm", et nous ne l'avons pas reconnu (al-Walīd ibn al-Mughīrah) jusqu'à ce qu'il soit révélé ensuite "zanīm", alors nous l'avons reconnu, car il avait une zanamah comme la zanamah du mouton."

68|14| An kāna dhā mālin wa banīn

Parce qu'il possède richesses et enfants.

Ibn Kathīr, Nāfi^, Abū ^Amr, al-Kisā'ī et Ḥafṣ ^an ^Āṣim ont lu "an kāna" comme une information, c'est-à-dire parce qu'il possède des biens et des enfants, ne lui obéis pas. Ibn ^Āmir l'a lu avec deux hamzah : la première prononcée légèrement et la seconde de manière douce. Abū Ja^far a inséré un alif entre les deux. Ḥamzah l'a lu avec deux hamzah distinctes sur le mode interrogatif. Il y a deux explications possibles : la première est qu'est-ce qu'il y a à lui obéir parce qu'il est riche et qu'il a des enfants ? C'est un reproche à ce grand jureur méprisable. La seconde est : est-ce parce qu'il a de l'argent et des enfants ?

68|15| 'Idhā tutlā ^alayhi 'āyātunā qāla 'asāṭīru l-'awwalīn

Quand Nos versets lui sont récités, il dit : « Ce sont des contes d'anciens ! »

Il s'agit du Qur'ān. "qāla 'asāṭīru l-'awwalīn" signifie il a dit : des futilités, des superstitions et des mythes des anciens. Ce qu'il a dit est une moquerie des versets de Allāh et une dénégation qu'ils proviennent de Allāh. Après avoir mentionné les laideurs de ses actes et de ses paroles, Allāh a mentionné ce qui lui sera fait, en guise de menace. Il a dit, `Azza wa Jall :

68|16| Sa nasimuhu ^ala l-khurṭūm

Nous le marquerons sur le nez.

As-simah est la marque, et al-khurṭūm est le nez. La signification est : Nous rendrons son cas si manifeste qu'ils le reconnaîtront sans hésitation, comme on reconnaît la marque sur le nez. Il est également possible que la signification soit : Nous allons marquer son nez d'une marque qui le couvrira de honte pour le reste de sa vie. Il a été marqué par une épée. On dit khaṭamahū lorsqu'on laisse une blessure sur son nez. Ainsi, il a cumulé la manifestation de ses défauts pour les gens et la blessure par l'épée sur son nez. D'autres ont dit que c'est une honte qui ne le quittera jamais.

68|17| 'Inna balawnāhum kamā balawnā 'aṣḥāba l-jannati 'idh 'aqsamū la yaṣrimunnahā muṣbiḥīn

Nous les avons éprouvés comme Nous avons éprouvé les gens du jardin. Ceux-ci avaient juré de le récolter au matin.

Allāh parle des Mecquois. Nous les avons éprouvés et testés, c'est-à-dire que Nous leur avons donné des biens pour qu'ils soient reconnaissants et non ingrats. Quand ils se sont montrés ingrats et ont combattu Muḥammad صلى الله عليه وسلم, Nous les avons éprouvés par la faim et la sécheresse. "kamā balawnā" signifie Nous avons éprouvé "'aṣḥāba l-jannati", les gens du jardin (le verger), "'idh 'aqsamū" et ont juré entre eux "la yaṣrimunnahā", c'est-à-dire qu'ils allaient cueillir ses fruits "muṣbiḥīn", le matin, pour que les pauvres ne s'en aperçoivent pas, et qu'ils ne leur donnent rien de ce que leur père avait l'habitude de leur donner.

68|18| Wa lā yastathnūn

Sans rien en excepter.

Ils n'ont pas dit "in shā'a Allāh" (si Allāh le veut), mais ils ont pris une décision ferme comme s'ils étaient maîtres de leur destin. L'histoire des gens du jardin est la suivante, selon les exégètes : un homme au Yémen avait un jardin. C'était un croyant, après l'époque de ^Īsā ibn Maryam, عليه السّلام. Au moment de la récolte, il réservait une part pour les pauvres et les miséreux, ce qui représentait une grande quantité. Quand cet homme mourut, ses trois fils en héritèrent. Ils se dirent : "Par Allāh, l'argent est peu, et la famille est grande. Notre père faisait cela parce qu'il avait beaucoup d'argent et peu de famille. Mais nous, avec peu d'argent et beaucoup de famille, nous ne pouvons pas faire cela." Ils prirent la décision de priver les pauvres et jurèrent entre eux d'aller au petit matin, avant que les gens ne sortent, pour cueillir les fruits du jardin. Mais au matin, ils le trouvèrent entièrement brûlé et noir comme la nuit.

68|19| Fa ṭāfa ^alayhā ṭā'ifun min rabbika wa hum nā'imūn

Et une calamité de ton Seigneur la frappa pendant qu'ils dormaient.

Un malheur est tombé "^alayhā", sur le jardin, "ṭā'ifun min rabbika", une épreuve de Allāh, "wa hum nā'imūn", pendant qu'ils dormaient. La signification du verset est que Allāh a envoyé un feu sur le jardin, et il a brûlé et est devenu noir.

68|20| Fa 'aṣbaḥat kaṣ-ṣarīm

Il devint tout noir.

Leur jardin est devenu "kaṣ-ṣarīm", comme la nuit noire, à cause de l'incendie. D'autres ont dit qu'il est devenu comme de la cendre noire.

68|21| Fa tanādaw muṣbiḥīn

Ils s'interpellèrent au matin.

Ces gens, les propriétaires du jardin, se sont appelés les uns les autres pour se rendre à leur rendez-vous "muṣbiḥīn", au petit matin.

68|22| 'Ani ghdu ^alā ḥarthikum 'in kuntum ṣārimīn

Allez de bonne heure à votre champ si vous voulez récolter.

C'est-à-dire, sortez tôt "^alā ḥarthikum", pour vos fruits et votre récolte, "'in kuntum ṣārimīn", si vous voulez cueillir vos fruits.

68|23| Fa nṭalaqū wa hum yatakhafatūn

Ils partirent, en se chuchotant.

Ils se sont mis en route vers leur champ "wa hum yatakhafatūn", ils se parlaient à voix basse, c'est-à-dire qu'ils cachaient leurs paroles pour que personne ne sache.

68|24| 'An lā yadkhulannahā l-yawma ^alaykum miskīn

Qu'aucun pauvre n'y pénètre aujourd'hui, auprès de vous.

Ils se chuchotaient et disaient : "Qu'aucun pauvre ne pénètre dans ce jardin "al-yawma ^alaykum miskīn"." L'interdiction d'entrer est une interdiction de les laisser entrer. C'est-à-dire, ne leur permettez pas d'entrer.

68|25| Wa ghadaw ^alā ḥardin qādirīn

Ils s'y rendirent de bonne heure, décidés et croyant pouvoir.

Ils sont allés à leur jardin de bonne heure "^alā ḥardin", c'est-à-dire avec détermination. Ḥard a été expliqué comme l'intention, c'est-à-dire qu'ils sont allés avec une intention qu'ils avaient décidée et cachée entre eux, se croyant capables de cueillir les fruits et d'atteindre leur objectif. Ḥard a également été expliqué comme l'interdiction, c'est-à-dire qu'ils empêcheraient les pauvres, et qu'ils se croyaient capables de le faire. Il y a d'autres explications. "qādirīn" signifie qu'ils se croyaient capables de cueillir les fruits de leur jardin et que personne ne pourrait les en empêcher. Il est également possible que cela vienne du verbe qaddara, qui signifie resserrer, comme dans le verset : "fa qaddara ^alayhi rizqahū" (sourate al-Fajr), c'est-à-dire qu'ils resserraient la subsistance sur les pauvres en les privant de ce que leur père leur donnait, selon Abū Ḥayyān.

68|26| Fa lammā ra'awhā qālū 'innā la ḍāllūn

Puis, quand ils la virent, ils dirent : "En vérité, nous nous sommes égarés."

Quand ces gens sont arrivés à leur jardin et ont vu que leur récolte était brûlée, ils ne l'ont pas reconnue et ont douté que ce soit leur jardin. Certains se sont dit les uns aux autres, pensant qu'ils s'étaient égarés et que ce qu'ils voyaient n'était pas leur jardin : "qālū 'innā la ḍāllūn", c'est-à-dire que nous nous sommes trompés de chemin vers notre jardin et ce n'est pas le nôtre. Ensuite, il leur est apparu clairement que c'était bien le leur et qu'une punition de Allāh l'avait privé de ses biens. Il a aussi été dit que la signification est : nous nous sommes égarés de la bonne voie en allant avec l'intention d'empêcher les pauvres, c'est pour cela que nous avons été punis.

68|27| Bal naḥnu maḥrūmūn

"Ou plutôt, nous sommes privés (de tout bien)."

Ils dirent : "maḥrūmūn", nous avons été privés de ses bienfaits et de son profit en empêchant les pauvres d'y avoir accès.

68|28| Qāla 'awsaṭuhum 'alam 'aqul lakum lawlā tusabbiḥūn

Le plus juste d'entre eux dit : « Ne vous avais-je pas dit : Si seulement vous glorifiiez Allah ! »

Le plus vertueux, le plus sage d'entre eux a dit : "'alam 'aqul lakum", ne vous avais-je pas dit : "lawlā tusabbiḥūn", pourquoi ne glorifiez-vous pas Allāh et ne Le remerciez-vous pas pour ce qu'Il vous a donné ? Leur frère les a réprimandés et grondés pour avoir délaissé ce qu'il leur avait enjoint de faire, c'est-à-dire de faire l'éloge de Allāh et de Le déclarer exempt de toute imperfection. S'ils avaient mentionné Allāh et Sa bonté envers eux, ils auraient accompli ce qui leur avait été ordonné de faire, à savoir de partager avec les pauvres, et auraient suivi la tradition de leur père. Mais comme ils ont négligé le souvenir de Allāh et ont décidé d'empêcher les pauvres, Allāh les a éprouvés. Cela indique que le plus juste d'entre eux les avait déjà avertis et exhortés à se souvenir de Allāh. Il a aussi été dit que "lawlā tusabbiḥūn" signifie : pourquoi n'avez-vous pas fait l'exception en disant "in shā'a

Allāh" (si Allāh le veut) quand vous avez dit "la yaṣrimunnahā muṣbiḥīn" ? D'autres ont dit que cela signifie pourquoi ne vous souvenez-vous pas de Allāh et ne vous repentez-vous pas de votre mauvaise intention ? Après sa réprimande, ils se sont tournés vers l'évocation de Allāh, ont reconnu leur injustice et se sont empressés de glorifier Allāh.

68|29| Qālū subḥāna rabbinā 'innā kunnā ḍālimīn

Ils dirent : « Gloire à notre Seigneur ! Nous avons été injustes ! »

Ils ont déclaré Allāh exempt de toute injustice dans ce qu'Il a fait. Ibn ^Abbās a dit : cela signifie que nous demandons pardon à Allāh pour notre péché. "'innā kunnā ḍālimīn", nous avons été injustes envers nous-mêmes en empêchant les pauvres de recevoir les fruits de notre jardin.

68|30| Fa 'aqbala ba^ḍuhum ^alā ba^ḍin yatalāwamūn

Ils s'approchèrent les uns des autres, se faisant des reproches.

Ils se blâmaient les uns les autres. L'un disait : "C'est toi qui nous as donné cette idée." L'autre disait : "C'est toi qui nous as fait craindre la pauvreté." Le troisième disait : "C'est toi qui nous as incités à accumuler de l'argent." Puis ils se sont eux-mêmes désignés comme étant en perdition.

68|31| Qālū yā waylanā 'innā kunnā ṭāghīn

"Malheur à nous ! Nous avons été rebelles."

"yā waylanā" signifie : que nous périssions ! "'innā kunnā ṭāghīn", nous avons désobéi à l'ordre de Allāh en ne faisant pas d'exception et en refusant le droit des pauvres. Ensuite, ils ont espéré que Allāh leur donnerait quelque chose de meilleur que ce jardin, et ils ont dit :

68|32| ^Asā rabbunā 'an yubdilanā khayran minhā 'innā 'ilā rabbinā rāghibūn

Il se peut que notre Seigneur nous donne en échange un jardin meilleur que celui-ci. Nous désirons ardemment un bien de notre Seigneur.

"khayran minhā", c'est-à-dire de ce jardin. "'innā 'ilā rabbinā rāghibūn", c'est-à-dire que nous demandons à Allāh, `Azza wa Jall, de nous donner en échange de notre jardin détruit, un meilleur. Les gens de Médine et Abū ^Amr ont lu "yubaddilnā" avec une fatha sur le bā' et un tashdīd sur le dāl.

68|33| Ka dhālika l-^adhābu wa la ^adhābu l-'ākhirati 'akbaru law kānū ya^lamūn

Tel fut le châtiment. Et le châtiment de l'au-delà est plus grand encore, si seulement ils savaient !

Le châtiment de ce bas monde est celui par lequel Nous avons éprouvé les propriétaires du jardin en détruisant ce qu'ils avaient, si bien que leur jardin est devenu comme la nuit noire. "wa la ^adhābu l-'ākhirati 'akbaru", c'est-à-dire que la punition de l'au-delà pour celui qui désobéit à son Seigneur et mécroit en Lui est plus grande au Jour du Jugement que la punition et le châtiment de ce bas monde. "law kānū ya^lamūn", si seulement ces polythéistes savaient que la punition de Allāh pour ceux qui Lui attribuent des associés est plus grande que Sa punition pour eux dans ce bas monde, ils se seraient repentis et seraient revenus à l'obéissance à Allāh. Ensuite, Allāh, `Azza wa Jall, a informé de ce qu'Il a préparé pour les pieux :

68|34| 'Inna li l-muttaqīna ^inda rabbihim jannāti n-na^īm

Pour les pieux, il y a selon le jugement de Allāh des jardins de délice.

Il s'agit des croyants en Allāh et Son Messager, qui évitent le polythéisme et toutes les formes de mécréance. Le pieux est celui qui a accompli ce que Allāh a rendu obligatoire et s'est abstenu de ce qu'Il a interdit. Ces pieux auront "^inda rabbihim", dans l'au-delà, "jannāti n-na^īm", c'est-à-dire les jardins du délice permanent et sans désagrément. Allāh a dit : "Inna lladhīna 'āmanū wa ^amilu ṣ-ṣāliḥāti 'innā lā nuḍī^u 'ajra man 'aḥsana ^amalā. 'ulā'ika lahum jannātu ^adnin tajrī min taḥtihimu l-'anhāru yuḥallawna fīhā min 'asāwira min dhahabin wa yalabīsūna thiyāban khuḍran min sundusin wa 'istabraqin muttaki'īna fīhā ^alā l-'arā'iki ni^ma th-thawābu wa ḥasunat murtafaqā" (sourate al-Kahf). Le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie: "Les gens du Paradis y mangeront et y boiront sans cracher, sans uriner, sans déféquer, et sans sécrétions nasales" Ils ont dit : "Et que devient la nourriture ?" Il a dit : "Une sueur comme la sueur du musc. Il leur sera inspiré de glorifier et de louer Allāh comme il leur est inspiré de respirer." Il a également dit : "Un ange appellera : 'Vous aurez la santé et ne tomberez jamais malades. Vous vivrez et ne mourrez jamais. Vous resterez jeunes et ne vieillirez jamais. Vous serez dans le bonheur et ne connaîtrez jamais le malheur.'" C'est la signification de la parole de Allāh : "wa nūdū 'an tilkumu l-jannatu 'ūrithtumūhā bimā kuntum ta^malūn" (sourate al-'A^rāf). Les deux ḥadīth ont été rapportés par Muslim.

Lorsque les polythéistes ont dit : "Nous recevrons dans l'au-delà mieux que ce que vous recevez", Allāh les a démentis en disant :

68|35| 'A fa naj^alu l-muslimīna ka l-mujrimīn

Traiterons-Nous les musulmans comme les mécréants ?

Ceux qui croient en leur Seigneur et s'humilient pour Lui par l'adoration ne sont pas égaux aux mécréants selon le jugement de Allāh. C'est une question qui met en évidence leur erreur et qui sert de réprimande et de reproche aux mécréants.

Puis Il les a réprimandé en disant : "Mā lakum kayfa taḥkumūn"

Qu'avez-vous à juger ainsi ?

C'est une question réprobatrice à leur égard. "kayfa taḥkumūn" est une troisième question réprobatrice. Le sens du verset est : comment pouvez-vous rendre ce jugement erroné, comme si la question de la récompense vous était déléguée et que vous pouviez y juger ce que vous vouliez, en disant que vous aurez le même bien que les musulmans ? Cela montre que ce jugement est le fruit d'une pensée défaillante et d'une opinion tordue.

68|37| 'Am lakum kitābun fīhi tadrusūn

Ou bien avez-vous un livre dans lequel vous lisez ?

Ô gens, avez-vous un "kitābun", un livre révélé par Allāh, que vous lisez "fīhi tadrusūn", dans lequel vous lisez ce jugement ? Avez-vous reçu un livre de la part d'un de Ses messagers ?

68|38| 'Inna lakum fīhi lamā takhayyarūn

Que tout ce que vous désirez vous y est assuré ?

Cela signifie que ce que vous choisissez et désirez vous est assuré, comme vous l'avez prétendu. Al-Bazzī a accentué la lettre tā' de "takharūn" lorsqu'elle est connectée à ce qui précède.

68|39| 'Am lakum 'aymānun ^alaynā bālighatun 'ilā yawmi l-qiyāmati 'inna lakum lamā taḥkumūn

Ou bien est-ce que Nous vous avons fait des serments solennels jusqu'au Jour de la Résurrection vous garantissant ce que vous jugiez ?

Avez-vous "'aymānun ^alaynā bālighatun", des serments, des promesses et des pactes solennels que Nous vous avons faits et dont vous vous êtes assurés de la validité "'ilā yawmi l-qiyāmati", qui sont confirmés et qui ne s'interrompent pas jusqu'au Jour du Jugement, que "'inna lakum lamā taḥkumūn", votre jugement vous est assuré ?

68|40| Salhum 'ayyuhum bi dhālika za^īm

Demande-leur lequel d'entre eux en est garant.

Ô Muḥammad, interroge ces polythéistes et dis-leur : "'ayyuhum bi dhālika za^īm". Za^īm signifie garant, c'est-à-dire lequel d'entre eux se porte garant que dans l'au-delà ils auront le même bien que les musulmans ?

68|41| 'Am lahum shurakā'u fa lya'tū bi shurakā'ihim 'in kānū ṣādiqīn

Ou bien ont-ils des associés ? Qu'ils fassent donc venir leurs associés, s'ils sont véridiques.

Il y a deux interprétations. La première : est-ce qu'ils ont des choses qu'ils considèrent comme des associés à Allāh et croient que ces associés les rendront comme les croyants dans l'au-delà, en termes de récompense et de protection contre le châtiment ? Le terme "shurakā'" (associés) leur est attribué parce que ce sont eux qui les ont considérés comme des associés de Allāh.

La seconde : est-ce qu'ils ont des gens qui partagent leur opinion, à savoir qu'il y a égalité entre le musulman et le criminel, et qu'ils auront le même bien que les musulmans dans l'au-delà ? "fa lya'tū bi shurakā'ihim" est un ordre signifiant la preuve de leur incapacité. C'est-à-dire que personne ne partage leur opinion, tout comme ils n'ont pas de livre, ni de pacte de la part de Allāh, ni de garant qui leur promet cela. Qu'ils fassent venir leurs associés pour qu'ils témoignent de ce qu'ils prétendent "'in kānū ṣādiqīn", s'ils sont véridiques dans leur prétention.

Ensuite, Allāh a réfuté leur parole et a montré qu'elle n'avait aucun fondement, puis Il a informé de la grandeur du Jour du Jugement en disant :

68|42| Yawma yukshafu ^an sāqin wa yud^awna 'ilā s-sujūdi fa lā yastaṭī^ūn

Le jour où sera dévoilée une grande difficulté, et ils seront appelés à la prosternation, mais ils n'y pourront pas.

C'est le Jour du Jugement. "yukshafu ^an sāqin" est une expression pour décrire la gravité du Jour du Jugement, pour le jugement et la rétribution. On dit cette expression quand la situation devient très difficile. Cette signification a été confirmée par l'interprète du Qur'ān, ^Abdu l-Lāh ibn ^Abbās, que Allāh soit satisfait d'eux, qui a dit en expliquant ce verset : "C'est un jour de grande difficulté." (Voir Fatḥu l-Bārī fī sharḥi Ṣaḥīḥ al-Bukhārī [13/428]). Al-Ḥākim a rapporté par la voie de ^Ikrimah d'après Ibn ^Abbās : "C'est un jour d'affliction et de difficulté." L'Imām Abū Ja^far aṭ-Ṭaḥāwī, qui est un des chefs des Salaf aṣ-Ṣāliḥ, a dit dans sa croyance qui est celle des gens de la Sunnah et de la communauté : "Et Allāh est exempt des limites, des fins, des parties, des membres et des outils."

"wa yud^awna", les mécréants sont appelés "'ilā s-sujūd" à la prosternation, "fa lā yastaṭī^ūn", mais ils n'en seront pas capables, comme si des épines de fer étaient dans leurs dos. L'appel à la prosternation est un reproche et une réprimande. Quand ils seront appelés à se prosterner, ils seront privés de la capacité de le faire et ne pourront pas, pour que leur tristesse et leur regret augmentent pour ce qu'ils ont manqué quand ils y étaient appelés alors qu'ils étaient en capacité de le faire [dans le bas monde].

68|43| Khāshi^atan 'abṣāruhum tarhaquhum dhillatun wa qad kānū yud^awna 'ilā s-sujūdi wa hum sālimūn

Leurs regards seront baissés, et l'humiliation les couvrira. Or, ils étaient auparavant appelés à se prosterner alors qu'ils étaient bien portants.

Leurs regards seront humiliés et soumis. "tarhaquhum dhillatun", c'est-à-dire que l'humiliation les couvrira, car les croyants lèveront la tête, leurs visages seront plus blancs que la neige, tandis que les visages des mécréants seront noirs. "wa qad kānū yud^awna 'ilā s-sujūdi", dans ce monde, ils étaient appelés à la prosternation "wa hum sālimūn", alors qu'ils étaient en bonne santé.

68|44| Fa dharnī wa man yukaḍhdhibu bi hādhā l-ḥadīthi sa nastadrijuhum min ḥaythu lā ya^lamūn

Je te suffirai concernant ceux qui traitent de mensonge ce Qour'ān. Nous allons les amener graduellement (à leur perte) par où ils ne savent pas.

Il s'agit du Qur'ān. Le sens est : Ô Muḥammad,  Je te suffirai pour ceux qui traitent de mensonge le Qur'ān, je les châtierai. Je sais ce qu'ils méritent comme châtiment. C'est une menace sévère pour celui qui nie ce qui a été révélé au Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم concernant l'au-delà et d'autres choses.

"sa nastadrijuhum", c'est-à-dire que Nous les prendrons degré par degré. Cela signifie que Allāh les rapproche du châtiment degré par degré jusqu'à ce qu'Il les y fasse tomber. "min ḥaythu lā ya^lamūn". L'istidrāj (l'attraction graduelle vers la perdition) de Allāh pour les désobéissants est de leur accorder la santé et d'ouvrir des portes de la grâce dont ils se réjouissent et auxquelles ils s'attachent, pensant que c'est une faveur qui leur est faite par rapport aux croyants, alors qu'en réalité, c'est une cause de leur perdition. En effet, lorsque l'esclave, chaque fois qu'il commet un péché, voit Allāh lui accorder une nouvelle grâce et lui faire oublier le repentir et la demande de pardon, c'est de l'istidrāj, et l'esclave ne s'en rend pas compte.

68|45| Wa 'umlī lahum 'inna kaydī matīn

Et Je leur accorde un délai, car Mon châtiment est fort et sévère.

Je leur accorde un délai et Je prolonge leur vie. "'inna kaydī matīn", Mon châtiment est fort et sévère.

68|46| 'Am tas'aluhum 'ajran fa hum min maghramin muthqalūn

Ou bien leur demandes-tu un salaire, de sorte qu'ils sont grevés d'une lourde dette ?

Ô Muḥammad, demandes-tu à ces polythéistes une récompense ou une rétribution pour les conseils que tu leur as donnés et pour la vérité à laquelle tu les as appelés ? "'ajran", un salaire. "fa hum min maghramin muthqalūn", c'est-à-dire qu'ils sont accablés par une lourde dette en te payant. Le sens du verset est : demandes-tu d'eux un salaire, de sorte que le fardeau de la dette pèse sur leurs biens et les dissuade de croire, si bien qu'ils ne croient pas ? C'est une question de négation, c'est-à-dire que tu ne demandes pas de salaire pour la transmission de la révélation, et qu'il ne leur est pas difficile de le faire, et qu'ils ne peuvent donc pas s'empêcher d'entrer dans la religion à laquelle tu les appelles.

68|47| 'Am ^indahumu l-ghaybu fa hum yaktubūn

Ou bien détiennent-ils l'Inconnaissable et écrivent-ils ?

C'est-à-dire le Livre préservé dans lequel se trouve l'Inconnaissable, "fa hum yaktubūn", d'où ils écrivent ce qu'ils disent. C'est une question réprobatrice.

68|48| Fa ṣbir li ḥukmi rabbika wa lā takun ka ṣāḥibi l-ḥūt 'idh nādā wa huwa makḍhūm

Endure avec patience ce que ton Seigneur a prédestiné; et ne sois pas comme l'homme au poisson qui appela, sa gorge serrée.

Ô Muḥammad, sois patient "li ḥukmi rabbika", face à ce que ton Seigneur a prédestiné, qui est inéluctable. Poursuis ce que ton Seigneur t'a ordonné de faire et que leur dénégation et leur nuisance ne te dissuadent pas de transmettre ce qui t'a été ordonné. 

"wa lā takun", ô Muḥammad, "ka ṣāḥibi l-ḥūt", comme l'homme au poisson, qui est notre Maître Yūnus (Jonas), paix sur lui, que le poisson a gardé dans son ventre. Son histoire est la suivante : quand il est allé en Iraq, par obéissance à l'ordre de Allāh, pour transmettre le message de son Seigneur et appeler ces polythéistes à la religion de l'Islam, à adorer Allāh seul et à abandonner l'adoration des idoles, ils l'ont démenti, se sont rebellés, ont persisté dans leur mécréance et n'ont pas répondu à son appel. Yūnus, paix et salut sur lui, est resté patient face à leur nuisance, les appelant à l'Islam, les exhortant et les conseillant. Cependant, après un long séjour parmi eux, il n'a trouvé d'eux que de l'entêtement et de l'obstination dans leur mécréance. Il a trouvé des oreilles sourdes et des cœurs recouverts, et ils s'opposaient à son appel. Alors, notre Maître Yūnus, paix sur lui, désespéra d'eux après que cela eut duré longtemps, il sortit de leur milieu et pensa que Allāh ne le châtierait pas pour être parti de leur milieu, et ne le mettrait pas dans la difficulté pour avoir quitté les gens de ce village et les avoir abandonnés avant que Allāh, que Sa grâce soit exaltée, ne lui ordonne de sortir. Quand ce qui est arrivé au prophète de Allāh Yūnus, le fait d'être avalé par le poisson, est arrivé, il a su, paix sur lui, que ce qui lui était arrivé était une épreuve pour lui à cause de sa précipitation et de sa sortie de son peuple auquel il avait été envoyé, sans permission de Allāh, `Azza wa Jall. Puis il est retourné vers eux et les a trouvés croyants en Allāh et repentis envers Lui, et il est resté avec eux pour les éduquer et les guider.

Point de bénéfice : notre Maître Yūnus, paix sur lui, est parti en colère contre son peuple parce qu'ils l'avaient démenti, n'avaient pas cru en son appel et avaient persisté dans leur mécréance et leur associationnisme. Il n'est pas permis de croire que le prophète de Allāh Yūnus, paix sur lui, est parti en colère contre son Seigneur, car c'est de la mécréance et de l'égarement qu'il n'est pas permis d'attribuer aux prophètes de Allāh, que Allāh a protégés et a faits guides et bien-guidés, qui connaissent leur Seigneur. Celui qui attribue à Yūnus, paix sur lui, d'être parti en colère contre Allāh, a menti sur un prophète de Allāh et lui a attribué l'ignorance de Allāh et la mécréance en Lui, ce qui est impossible pour les prophètes, car ils sont protégés de la mécréance et des grands péchés, et des petits péchés de bassesse avant la prophétie et après.

"'idh nādā" quand il a invoqué son Seigneur alors qu'il était dans le ventre du poisson, en disant : "Il n'y a pas de dieu sinon Toi, Tu es exempt de toute imperfection." "wa huwa makḍhūm", il était rempli de colère contre son peuple car ils n'avaient pas cru quand il les avait appelés à la foi, et ils l'avaient poussé à se précipiter pour les quitter.

68|49| Law lā 'an tadārakahu ni^matun min rabbihi la nubidha bi l-^arā'i wa huwa maḍhmūm

Si ce n'était un bienfait de son Seigneur qui l'avait atteint, il aurait été jeté sur la terre nue, et il aurait été blâmable.

"ni^matun min rabbihi", c'est-à-dire une miséricorde. Si Allāh ne lui avait pas accordé la grâce d'exaucer son invocation et d'accepter son excuse, "la nubidha", il aurait été rejeté du ventre du poisson "bi l-^arā'i", sur une terre nue et vaste, sans montagnes ni arbres pour le cacher. "wa huwa maḍhmūm", il aurait été blâmé, mais il a été atteint par la miséricorde et a été rejeté sans être blâmé, car il s'était repenti avant de sortir du ventre du poisson.

68|50| Fa jtabāhu rabbuhu fa ja^alahu mina ṣ-ṣāliḥīn

Son Seigneur l'a élu et l'a mis au nombre des vertueux.

Allāh l'a élu et l'a choisi. "fa ja^alahu mina ṣ-ṣāliḥīn", Il l'a placé parmi ceux qui ont perfectionné les qualités de droiture, et il a été dit que cela signifie qu'Il l'a placé parmi les prophètes.

68|51| Wa 'in yakādu l-ladhīna kafarū la yuzliqūnaka bi 'abṣārihim lammā sami^u dh-dhikra wa yaqūlūna 'innahu la majnūn

Peu s'en faut que les mécréants ne te fassent tomber de leurs regards, quand ils entendent le Qour'ān, et ils disent: « Il est certes fou! »

Il y a deux opinions des exégètes sur le sens de ce verset. La première est que les mécréants ont voulu atteindre le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم par le mauvais œil, et Allāh l'a protégé et a révélé ce verset. La seconde est que, en raison de leur haine et de leur hostilité intenses envers toi, leurs regards pourraient te faire tomber, tant leur regard est fort. On dit qu'un tel m'a regardé si fort qu'il a failli me dévorer ou me faire tomber. Ce verset est une preuve que le mauvais œil et son effet sont une réalité, par la volonté de Allāh. Le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie : "Le mauvais œil est une réalité." Rapporté par al-Bukhārī, c'est-à-dire que l'impact du mauvais œil est une chose établie et existante. Al-Bukhārī a aussi rapporté, selon une narration d'Ibn ^Abbās, que le Prophète صلى الله عليه وسلم cherchait protection pour al-Ḥasan et al-Ḥusayn et disait ce qui signifie : "Votre père cherchait protection pour Ismā^īl et Isḥāq par ces paroles" :

أعوذ بكلمات الله التامة من كل شيطان وهامة ومن كل عين ولامَّة

qui signifie "Je cherche protection par la parole parfaite de Allāh contre tout démon et tout animal venimeux et contre tout mauvais œil.'"

La majorité a lu "la yuzliqūnaka" avec un damma sur le yā', de 'azlaqtuhu. Les gens de Médine l'ont lue avec une fatha, de zalaqtuhu 'azliquhu, ce sont deux langues arabes bien connues.

"lammā sami^u dh-dhikra", quand ils ont entendu le Livre de Allāh récité, qui est le Qur'ān. "wa yaqūlūna", en raison de leur haine et de leur aversion intenses pour notre maître Muḥammad صلى الله عليه وسلم, "'innahu la majnūn", ils l'attribuaient à la folie quand ils le voyaient réciter le Qur'ān. Ils disaient cela pour en détourner les gens, alors qu'ils savaient que le Prophète صلى الله عليه وسلم était le plus parfait d'entre eux en mérite et le plus sage en esprit. En réponse à leurs paroles, Allāh a dit : "wa mā huwa 'illā dhikrun li l-^ālamīn"

Alors que ce n'est qu'un rappel pour les humains et les jinns.

Le Qur'ān n'est "'illā dhikrun li l-^ālamīn", qu'une exhortation pour les humains et les jinn, par laquelle ils s'instruisent et en déduisent la droiture de leurs conditions religieuses et mondaines. Comment peut-on dire d'un homme qui enseigne de telles choses, qui contiennent la guidance, la vérité, la justice et le bonheur de l'au-delà, et qui invite les gens à agir selon cela, qu'il est fou, alors que c'est la chose la plus évidente qui prouve la perfection de son esprit et la grandeur de sa stature ? Celui qui lui attribue des imperfections n'est que le résultat de son ignorance et de sa déception. On a dit en poésie : "Si un homme n'a pas une vue saine, il n'est pas étonnant qu'il doute alors que l'aube est claire."

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