Exégèse de Sourate Al-`Alaq. Coran en français
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm | Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm. | Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'A^rāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens.
Sourate Al-`Alaq Makkiyyah mecquoise à l'unanimité, elle contient dix-neuf ^âyah.
Al-Ḥāfiḍh Ibnou l-Jawziyy a dit : « C'est la première chose qui fut révélée du Qur'ān, et c'est l'avis de la plupart des moufassirīn (exégètes). Al-Boukhāriyy a rapporté de ^Ā'ichah qu'elle a dit : 'Les premières choses par lesquelles fut débutée la révélation à Rassoulou l-Lāh ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam furent les rêves véridiques, puis l'ange lui est venu et a dit :
﴿ اقْرَأْ بِاسْمِ رَبِّكَ الَّذِي خَلَقَ (1) خَلَقَ الْإِنْسَانَ مِنْ عَلَقٍ (2) اقْرَأْ وَرَبُّكَ الْأَكْرَمُ (3) ﴾
Jusqu'à la parole de Allāh ta^ālā :
﴿ عَلَّمَ الْإِنْسَانَ مَا لَمْ يَعْلَمْ (5) ﴾
Et le reste de la sourate fut révélé après cela un certain temps. » Al-Ḥāfiḍh l'a dit dans Al-Fatḥ.
1 | 1 | Iqra' bismi Rabbika l-Ladhī khalaq
Lis, par le Nom de ton Seigneur qui a créé.
Mentionne Son Nom en commençant ta lecture par Lui. Il est Celui qui a créé toutes les créatures.
1 | 2 | Khalaqa l-'insāna min ^alaq
Il a créé l'homme de sang coagulé
Allāh a créé le fils de ^Ādam d'une ^alaq. ^Alaq est le pluriel de ^alaqah, qui est le sang coagulé qui n'a pas séché. ^Abdullāh ibnou Mas^oūd raḍiya l-Lāhou ^anhou a rapporté que le Messager de Allāh ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam a dit ce qui signifie, et il est le véridique confirmé : « Chacun de vous est formé dans le ventre de sa mère pendant quarante jours sous forme de nouṭfah (goutte de sperme), puis il devient une ^alaqah (sang coagulé) pendant une période similaire, puis il devient une mouḍghah (morceau de chair) pendant une période similaire, puis l'ange lui est envoyé et lui insuffle l'âme, et il est ordonné d'écrire quatre choses : sa subsistance, son terme, son œuvre, et s'il sera malheureux ou heureux. » Rapporté par Al-Boukhāriyy et Mouslim. La nouṭfah est le sperme, la ^alaqah est une petite portion de sang épais, et la mouḍghah est un morceau de chair de la taille de ce qui est mâché.
1 | 3 | Iqra' wa Rabbouka l-'Akram
Lis, et ton Seigneur est le Plus Généreux.
Ceci est une confirmation du premier verset. Il est Allāh ta^ālā, Al-Karīm, Al-'Akram, à qui aucune imperfection n'atteint. Le terme Al-'Akram est un attribut qui indique la grande générosité.
1 | 4 | Al-Ladhī ^allama bi l-Qalam
Celui qui a enseigné par le calame.
C'est-à-dire qu'Il a enseigné à l'homme l'écriture par le calame. Le premier à écrire avec fut le Prophète de Allāh Idrīs ^alayhi s-salām, comme l'a rapporté Ibnou Ḥibbān.
1 | 5 | ^Allama l-'insāna mā lam ya^lam
Il a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas.
C'est-à-dire l'écriture, les métiers et d'autres choses. Il a été dit que l'homme dont il est question ici est Mouḥammad ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam, et la preuve en est Sa parole ta^ālā dans Sourat An-Nisā' : { وَعَلَّمَكَ مَا لَمْ تَكُنْ تَعْلَمُ } (et Il t'a enseigné ce que tu ne savais pas).
1 | 6 | Kallā 'inna l-'insāna la yaṭghā
Certes, l'homme dépasse les limites.
Sa parole ta^ālā {كَلَّا} kallā est un avertissement et une réprimande pour celui qui a mécru aux bienfaits de Allāh par sa transgression.
1 | 7 | An ra'āhou staghna
Dès qu'il se voit se passant de l'adoration
C'est-à-dire : s'il se voit se détourner de l'adoration, c'est-à-dire s'il est devenu riche et a beaucoup de biens, il se passe de l'adoration de son Seigneur par sa richesse. Il est dit que le verset {إِنَّ الْإِنسَانَ لَيَطْغَى} (Certes, l'homme dépasse les limites) désigne Abū Jahl, qui était ^Amrou ibnou Hichām. Il a participé à Badr avec les polythéistes et fut parmi les tués de cette bataille la deuxième année de l'Hégire. Ibnou l-Moundhir l'a rapporté de Abī Hourayrah. La transgression (ṭoughyān) est le fait de dépasser les limites dans la désobéissance.
1 | 8 | 'Inna 'ilā Rabbika r-rouj^ā
Certes, c'est vers le jugement de ton Seigneur que sera le retour.
Ar-rouj^ā signifie le retour et le lieu de retour. Il y a là une menace pour le transgresseur qui se croit indépendant et une dévalorisation de ce qu'il est, puisque son destin est la résurrection et le jugement, et il sera rétribué pour sa transgression.
1 | 9 | 'Ara'ayta l-ladhī yanhā
As-tu vu celui qui interdit ?
Celui qui interdit est Abū Jahl, car il a interdit au Messager de Allāh ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam de prier dans la mosquée. Ibnou Jarīr l'a rapporté de Ibnou ^Abbās.
1 | 10 | ^Abdan 'idhā ṣallā
Un esclave quand il prie.
1 | 11 | 'Ara'ayta 'in kāna ^ala l-houdā
As-tu vu s'il est sur la bonne voie ?
1 | 12 | 'Aw 'amara bi t-taqwā
Ou s'il ordonne la piété ?
C'est-à-dire, ô Abū Jahl, si Mouḥammad est sur cette voie, n'est-ce pas que celui qui l'interdit de la piété et de la prière est perdu ?
1 | 13 | 'Ara'ayta 'in kadhdhaba wa tawallā
As-tu vu s'il dément et tourne le dos ?
C'est-à-dire Abū Jahl, car il a démenti le Livre de Allāh ^azza wa jall et s'est détourné de la foi. Allāh ta^ālā le voit et connaît son action. Ceci est un reproche à Abū Jahl.
1 | 14 | 'Alam ya^lam bi 'anna l-Lāha yarā
Ne sait-il pas que Allāh voit ?
1 | 15 | Kallā la'in lam yantahi lanasfa^an bi n-nāṣiyah
Non ! S'il ne cesse pas, certes Nous allons l'humilier
Al-Boukhāriyy a rapporté dans son Ṣaḥīḥ de Ibnou ^Abbās raḍiya l-Lāhou ^anhoumā qu'il a dit : Abū Jahl a dit : « Si je vois Mouḥammad prier près de la Ka^bah, je lui piétinerai le cou. » Ceci est parvenu au Prophète ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam qui a dit : « S'il l'avait fait, les anges l'auraient saisi. » La parole de Allāh ta^ālā {كَلَّا} est un avertissement et une réprimande pour Abū Jahl et ceux qui étaient de sa catégorie concernant l'interdiction aux serviteurs de Allāh ta^ālā d'adorer Allāh ^azza wa jall.
Et Sa parole {لَنَسْفَعًا بِالنَّاصِيَةِ} signifie : nous allons l'humilier. An-nāṣiyah est les cheveux de l'avant de la tête. Safa^tou bi ch-chay' signifie : j'ai saisi et tiré fortement. La nāṣiyah est spécifiquement mentionnée selon la coutume des Arabes : pour humilier et rabaisser quelqu'un, ils le prenaient par le toupet. Et la nāṣiyah peut être une expression pour désigner l'homme en entier.
1 | 16 | Nāṣiyatin kādhibatin khāṭi'ah
Un toupet menteur et fautif.
C'est-à-dire que cette personne est menteur et fautif.
1 | 17 | Falyad^u nādiyah
Qu'il appelle donc son assemblée !
C'est-à-dire qu'il appelle les membres de son assemblée et sa tribu, et qu'il cherche leur aide. Ceci est sur un mode sarcastique. At-Tirmidhiyy et d'autres ont rapporté de Ibnou ^Abbās qu'il a dit : Le Prophète ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam priait, puis Abū Jahl est venu et a dit : « Ne t'ai-je pas interdit cela ? » Le Prophète ṣallā l-Lāhou ^alayhi wa sallam l'a réprimandé. Abū Jahl a alors dit : « Tu sais qu'il n'y a pas d'assemblée plus nombreuse que la mienne. » Alors ce verset fut révélé.
1 | 18 | Sanad^u z-zabāniyah
Nous appellerons les Zabāniyah.
C'est-à-dire les anges rudes et sévères.
1 | 19 | Kallā lā touṭi^hou wa s-joud wa qtarib
Non ! Ne lui obéis pas ! Prosterne-toi et rapproche-toi !{كَلَّا} signifie : la situation n'est pas telle que la pense Abū Jahl, ne lui obéis donc pas. C'est-à-dire concernant ce à quoi il t'a appelé, qui est de délaisser la prière. {وَاسْجُدْ} signifie : prie pour Allāh ta^ālā. {وَاقْتَرِبْ} signifie : rapproche-toi de l'agrément de Allāh ^azza wa jall par l'obéissance et l'adoration.
Bénéfice : L'Imām Abū Ḥanīfah a dit dans Al-Fiqh al-'Akbar : « Et le rapprochement et l'éloignement de Allāh ta^ālā ne sont pas en termes de distance longue ou courte, mais plutôt en termes d'honneur et de déshonneur. L'obéissant est proche de Lui sans comment, et le désobéissant est éloigné de Lui sans comment... » Ceci indique que les Salaf vertueux raḍiya l-Lāhou ^anhoum ont nié le comment de Allāh ta^ālā. Et l'Imām Abū Soulaymān Al-Khaṭṭābiyy a dit, selon ce que Al-Ḥāfiḍh Al-Bayhaqiyy a rapporté de lui dans Al-'Asmā' wa ṣ-Ṣifāt : « Ce qui nous incombe, et incombe à chaque musulman, est de savoir que notre Seigneur n'a ni forme ni apparence, car la forme implique le comment, et le comment est nié pour Allāh et pour Ses attributs. »
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