Tafsir & Exégèse de Sourate Al-Mouddaththir - Coran en français
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm | Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm.
Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'A^rāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens
Sourate Al-Mouddaththir (74) est mecquoise et elle est de 52 'āyah
{ يَا أَيُّهَا الْمُدَّثِّرُ (1) }
[74:1] Yā 'ayyuha al-muddaththir
Ô toi, l'enveloppé dans ses vêtements,
Ce verset s'adresse au prophète صلى الله عليه وسلم. Il est appelé ainsi car il était enveloppé dans ses vêtements au moment de la révélation.
{ قُمْ فَأَنذِرْ (2) }
[74:2] Qum fa'andhir
Lève-toi et avertis !
C'est-à-dire : préviens ton peuple du châtiment de Allāh s'il ne croit pas.
{ وَرَبَّكَ فَكَبِّرْ (3) }
[74:3] Wa rabbaka fakabbir
Et ton Seigneur, glorifie-Le !
C'est-à-dire : proclame Son éminence. La glorification de Allāh تعالى a lieu en affirmant Son unicité et en L'exemptant de toute ressemblance avec les créatures. Cette 'āyah enseigne que la première obligation pour l'esclave est la connaissance de Allāh عزَّ وجلَّ, c'est-à-dire de connaître les attributs de perfection qui Lui sont obligatoires à Son Sujet et les imperfections dont Il est exempt. En effet, celui qui assimile Allāh à Ses créatures ne Le glorifie pas.
{ وَثِيَابَكَ فَطَهِّرْ (4) }
[74:4] Wa thiyābaka faṭahhir
Et tes vêtements, purifie-les !
Cela signifie : purifie tes vêtements des impuretés, car la purification des vêtements est une condition pour la validité de la prière. D'autres interprétations ont également été données.
{ وَالرُّجْزَ فَاهْجُرْ (5) }
[74:5] Wa r-rujza fahjur
Et maintiens toi sur l'abondon des idoles !
"Al-Rujz" désigne ici les idoles. "Fahjur" signifie : maintiens toi sur l'abondon des idoles.
La prononciation de "Al-Rujz" varie selon les lectures, soit avec un "u" soit avec un "i" sur le "ra", mais le sens reste le même.
{ وَلا تَمْنُنْ تَسْتَكْثِرُ (6) }
[74:6] Wa lā tamnun tastakthir
Et ne donne pas pour recevoir plus en retour,
Cela signifie : ne fais pas de don en espérant en obtenir un meilleur en échange, comme l'a expliqué Ibn ^Abbās. Cette interdiction est spécifique au prophète صلى الله عليه وسلم, car il est ordonné de se conformer aux plus nobles des conduites et aux plus hautes des morales, tandis que cette pratique est permise à sa communauté.
D'autres ont dit : ne considère pas ton œuvre comme grande à tes yeux, comme si tu en avais fait beaucoup, car c'est une grâce que Allāh t'a accordée. D'autres interprétations ont également été mentionnées.
{ وَلِرَبِّكَ فَاصْبِرْ (7) }
[74:7] Wa lirabbika faṣbir
Et pour ton Seigneur, sois patient.
Cela signifie : sois patient face aux obligations de la prophétie, à l'accomplissement des devoirs envers Allāh et aux nuisances des mécréants.
{ فَإِذَا نُقِرَ فِي النَّاقُورِ (8) }
[74:8] Fa'idhā nuqira fī an-nāqūr
Quand on soufflera dans la trompe,
C'est-à-dire : quand on soufflera dans la trompe, qui est la corne dans laquelle soufflera l'ange Isrāfīl, préposé à cette tâche.
{ فَذَلِكَ يَوْمَئِذٍ يَوْمٌ عَسِيرٌ (9) }
[74:9] Fadhalika yawma'idhin yawmun ^asīr
Ce jour-là sera un jour difficile,
C'est-à-dire : au moment où l'on soufflera dans la trompe, ce sera "un jour difficile". Ibn ^Abbās a dit : "sévère", comme rapporté par Al-Bukhārī.
{ عَلَى الْكَافِرِينَ غَيْرُ يَسِيرٍ (10) }
[74:10] ^Alā al-kāfirīna ghayru yasīr
Pour les mécréants, il ne sera pas facile.
C'est-à-dire : il ne sera ni facile ni aisé.
{ ذَرْنِي وَمَنْ خَلَقْتُ وَحِيداً (11) }
[74:11] Dharnī wa man khalaqtu waḥīdan
Laisse pour Moi le sort de celui que J'ai créé seul.
C'est une parole de menace. L'expression "Dharnī wa man khalaqtu waḥīdan" signifie : Ô Muḥammad, laisse pour Moi le sort de celui que J'ai créé seul, qui n'avait ni biens ni enfants, et à qui J'ai ensuite tout accordé. Il s'agit d'Al-Walīd Ibn Al-Mughīrah, qui était surnommé "Al-Waḥīd" (l'Unique) parmi son peuple. Il est mentionné spécifiquement à cause de son ingratitude envers les bienfaits et de ses nuisances envers le Prophète صلى الله عليه وسلم. Ibn Al-Jawzī a dit : "Ce verset a été révélé à propos d'Al-Walīd Ibn Al-Mughīrah et signifie : laisse-le-moi, car Je m'occuperai de sa destruction."
Al-Ḥākim a rapporté (Al-Mustadrak [2/506-507]) et l'a jugé authentique, selon Ibn ^Abbās, qu'Al-Walīd Ibn Al-Mughīrah vint trouver le prophète صلى الله عليه وسلم, qui lui récita le Coran. Al-Walīd en fut ému. Cela parvint à Abū Jahl, qui le rejoignit et lui dit : "Ô mon oncle, ton peuple veut te donner de l'argent car tu es allé voir Muḥammad pour te plier à lui devant nous." Al-Walīd répondit : "Les Quraysh savent bien que je suis l'un des plus riches d'entre eux." Abū Jahl lui dit alors : "Dis quelque chose à son sujet pour que ton peuple sache que tu le désavoues et que tu ne l'aimes pas." Al-Walīd demanda : "Que puis-je dire ? Par Allāh, personne parmi vous ne connaît la poésie, le rajaz ou le qaṣīdah mieux que moi, ni la poésie des djinns. Par Allāh, ce qu'il dit ne ressemble à rien de tout cela. Par Allāh, sa parole a une douceur, elle a un éclat. Le haut est éclairé, le bas est brillant. Elle s'élève et rien ne s'élève au-dessus d'elle, et elle brise tout ce qui est en dessous." Abū Jahl dit : "Ton peuple ne sera pas satisfait de toi tant que tu n'auras pas dit quelque chose à son sujet." Al-Walīd répondit : "Laisse-moi réfléchir." Après avoir réfléchi, il dit : "C'est une magie transmise (sihrun yu'thar)." C'est alors que fut révélé le verset : { وَذَرْنِي وَمَنْ خَلَقْتُ وَحِيدًا }. Le Ḥāfiḍ Al-Suyūṭī a dit : "Son isnād est authentique selon la condition d'Al-Bukhārī." Ibn Jarīr a également rapporté des récits similaires par d'autres voies.
{ وَجَعَلْتُ لَهُ مَالاً مَمْدُوداً (12) }
[74:12] Wa ja^altu lahu mālan mamdūdā
Et Je lui ai donné des biens abondants,
Il s'agit de biens nombreux, vastes et continus, provenant des récoltes, du bétail laitier et du commerce. Allāh lui a donné des biens étendus, il possédait ce qui se trouvait entre La Mecque et Aṭ-Ṭā'if, y compris des jardins, des esclaves, des servantes, des chameaux et des chevaux.
{ وَبَنِينَ شُهُوداً (13) }
[74:13] Wa banīna shuhūdā
Et des fils présents à ses côtés.
Il avait dix fils ou plus, dont trois se convertirent à l'Islam. "Shuhūd" signifie : présents avec lui à La Mecque, jouissant de leur compagnie. Ils n'avaient pas besoin de voyager pour chercher leur subsistance et il n'avait pas besoin de les envoyer pour ses affaires, en raison du grand nombre de ses serviteurs.
{ وَمَهَّدْتُ لَهُ تَمْهِيداً (14) }
[74:14] Wa mahhadtu lahu tamhīdā
Et Je lui ai accordé une vie facile et prospère.
C'est-à-dire : Je lui ai accordé une vie facile et prospère. Ibn ^Abbās a dit : "Je lui ai étendu les biens entre le Yémen et le Shām."
{ ثُمَّ يَطْمَعُ أَنْ أَزِيدَ (15) }
[74:15] Thumma yaṭma^u 'an 'azīd
Et il désire que Je lui en donne encore plus,
C'est-à-dire que Al-Walīd Ibn Al-Mughīrah espère que Allāh lui donne encore plus de biens et d'enfants que ce qu'Il lui a déjà accordé.
{ كَلاَّ إِنَّهُ كَانَ لآيَاتِنَا عَنِيداً (16) }
[74:16] Kallā 'innahu kāna li'āyātinā ^anīda
Non ! Car il a été entêté envers Nos versets.
Cela ne se produira pas, car il a renié les bienfaits. "Innahu" (il), c'est-à-dire Al-Walīd, "kāna li'āyātinā ^anīdā" (il a été opiniâtre envers Nos versets), c'est-à-dire qu'il s'est obstiné à s'opposer au prophète صلى الله عليه وسلم et à ce qu'il a apporté.
{ سَأُرْهِقُهُ صَعُوداً (17) }
[74:17] Sa'urhiquhu ṣa^ūdā
Je vais l'accabler d'un tourment incessant.
C'est-à-dire : Je vais lui imposer un châtiment pénible et sans répit.
{ إِنَّهُ فَكَّرَ وَقَدَّرَ (18) }
[74:18] 'Innahu fakkara wa qaddar
Il a réfléchi et a décidé,
Il s'agit d'Al-Walīd. "Fakkara" (il a réfléchi) à la façon de critiquer le Coran. "Wa qaddara" (et il a décidé) en son for intérieur ce qu'il allait dire à propos de Muḥammad et du Coran.
{ فَقُتِلَ كَيْفَ قَدَّرَ (19) }
[74:19] Faqutila kayfa qaddar
Qu'il soit maudit ! Comment a-t-il décidé ?
Cela signifie : qu'Al-Walīd Ibn Al-Mughīrah soit maudit. "Kayfa qaddar" (comment a-t-il décidé) de manière incorrecte, d'une manière que personne de raisonnable ne peut concevoir.
{ ثُمَّ قُتِلَ كَيْفَ قَدَّرَ (20) }
[74:20] Thumma qutila kayfa qaddar
De nouveau, qu'il soit maudit ! Comment a-t-il décidé ?
La malédiction est répétée pour insister et pour désavouer ce à quoi il a réfléchi.
{ ثُمَّ نَظَرَ (21) }
[74:21] Thumma naḍhar
Puis il a regardé,
C'est-à-dire : il a réfléchi à nouveau pour trouver un moyen de réfuter le Coran.
{ ثُمَّ عَبَسَ وَبَسَرَ (22) }
[74:22] Thumma ^abasa wa basar
Puis il a renfrogné et a montré sa grimace.
"Abasa" signifie : il a froncé les sourcils devant les croyants. "Wa basar" signifie : son visage s'est assombri et sa couleur a changé.
{ ثُمَّ أَدْبَرَ وَاسْتَكْبَرَ (23) }
[74:23] Thumma 'adbara wa stakbara
Puis il a tourné le dos, et a fait preuve d'arrogance.
"Adbara" signifie : il a tourné le dos à la croyance. "Wa stakbara" signifie : il a été arrogant, refusant d'accepter la vérité et de suivre le prophète صلى الله عليه وسلم.
{ فَقَالَ إِنْ هَذَا إِلاَّ سِحْرٌ يُؤْثَرُ (24) }
[74:24] Faqāla 'in hādhā 'illā siḥrun yu'thar
Il dit : "Ceci n'est qu'une magie transmise d'autres avant lui."
C'est-à-dire : il a dit que ce que Muḥammad صلى الله عليه وسلم a apporté "n'est qu'une magie transmise". Il a prétendu que c'est une magie que Muḥammad raconte et qu'il transmet d'autres magiciens avant lui. La magie est une illusion.
{ إِنْ هَذَا إِلاَّ قَوْلُ الْبَشَرِ (25) }
[74:25] 'In hādhā 'illā qawlu al-bashar
Ceci n'est que la parole d'un être humain.
Ce contradicteur a prétendu que ce Coran n'est que la parole d'un être humain, et non la parole de Allāh عزَّ وجلَّ.
{ سَأُصْلِيهِ سَقَرَ (26) }
[74:26] Sa'uṣlīhi saqar
Je le ferai brûler dans Saqar !
Cela signifie : Je le ferai entrer dans Saqar, qui est un des noms de l'enfer.
{ وَمَا أَدْرَاكَ مَا سَقَرُ (27) }
[74:27] Wa mā 'adrāka mā saqar
Et qui te dira ce qu'est Saqar ?
C'est une formule qui vise à amplifier sa description. Cela signifie : qui t'informera de ce que c'est ? C'est une parole qui magnifie son horreur et sa sévérité. Ensuite, Allāh a expliqué son état en disant :
{ لا تُبْقِي وَلا تَذَرُ (28) }
[74:28] Lā tubqī wa lā tadhar
Elle ne laisse rien et n'épargne rien.
Elle ne laisse personne qu'elle ne punisse et n'épargne rien du châtiment qu'elle lui inflige. Le châtiment du mécréant dans le feu ne s'arrête jamais ; et malgré sa sévérité, il n'y meurt pas pour être soulagé du supplice, ni ne vit une vie agréable. Au contraire, son châtiment est éternel et perpétuel.
{ لَوَّاحَةٌ لِلْبَشَرِ (29) }
[74:29] Lawwāḥatun li-l-bashar
Elle brûle les peaux des humains.
Cela signifie : elle décolore et brûle les peaux, les noircissant. On a dit aussi qu'il s'agit des humains parmi les gens de l'enfer.
{ عَلَيْهَا تِسْعَةَ عَشَرَ (30) }
[74:30] ^Alayhā tis^ata ^ashar
Il y a sur elle dix-neuf.
C'est-à-dire : sur Saqar, il y a dix-neuf anges, gardiens de l'enfer : l'ange Mālik et dix-huit autres.
Ibn Abī Ḥātim a rapporté dans son exégèse, et Al-Bayhaqī dans son livre "Al-Ba^th wa n-Nushūr", d'après Al-Barā' رضي الله عنه, qu'un groupe de juifs a interrogé un homme parmi les compagnons du prophète صلى الله عليه وسلم sur les gardiens de l'enfer. Il est allé informer le prophète صلى الله عليه وسلم, et c'est alors que lui fut révélé ce verset : { ^Alayhā tis^ata ^ashar }.
Ibn Abī Ḥātim a également rapporté, d'après As-Suddī, que lorsque le verset { ^Alayhā tis^ata ^ashar } fut révélé, un homme des Quraysh appelé Abū Al-Ashadd dit : "Ô vous les Quraysh, que les dix-neuf ne vous effraient pas ! Je repousserai dix d'entre eux avec mon épaule droite et neuf avec mon épaule gauche." C'est alors que Allāh a révélé : { Wa mā ja^alnā 'aṣḥāba an-nāri 'illā malā'ikah } (Nous n'avons désigné comme gardiens de l'Enfer que des anges).
{ وَمَا جَعَلْنَا أَصْحَابَ النَّارِ إِلاَّ مَلائِكَةً وَمَا جَعَلْنَا عِدَّتَهُمْ إِلاَّ فِتْنَةً لِلَّذِينَ كَفَرُوا لِيَسْتَيْقِنَ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ وَيَزْدَادَ الَّذِينَ آمَنُوا إِيمَاناً وَلا يَرْتَابَ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ وَالْمُؤْمِنُونَ وَلِيَقُولَ الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ مَرَضٌ وَالْكَافِرُونَ مَاذَا أَرَادَ اللَّهُ بِهَذَا مَثَلاً كَذَلِكَ يُضِلُّ اللَّهُ مَنْ يَشَاءُ وَيَهْدِي مَنْ يَشَاءُ وَمَا يَعْلَمُ جُنُودَ رَبِّكَ إِلاَّ هُوَ وَمَا هِيَ إِلاَّ ذِكْرَى لِلْبَشَرِ (31) }
[74:31] Wa mā ja^alnā 'aṣḥāba an-nāri 'illā malā'ikah wa mā ja^alnā ^iddatahum 'illā fitnatan li-l-ladhīna kafarū li-yastayqina al-ladhīna 'ūtū al-kitāba wa yazdāda al-ladhīna 'āmanū 'īmānā wa lā yartāba al-ladhīna 'ūtū al-kitāba wa l-mu'minūna wa li-yaqūla al-ladhīna fī qulūbihim maraḍun wa al-kāfirūna mādhā 'arāda Allāhu bihādhā mathalā kadhalika yuḍillu Allāhu man yashā'u wa yahdī man yashā'u wa mā ya^lamu junūda rabbika 'illā huwa wa mā hiya 'illā dhikrā li-l-bashar
Nous n'avons désigné comme gardiens du Feu que des anges, et Nous n'avons fixé leur nombre que pour éprouver les mécréants, afin que ceux qui ont reçu le Livre soient convaincus, que ceux qui ont cru augmentent leur foi, que ceux qui ont reçu le Livre et les croyants ne doutent pas, et que ceux qui ont une maladie dans leur cœur ainsi que les mécréants disent : "Qu'a donc voulu Allāh par cette parabole ?" Ainsi Allāh égare qui Il veut et guide qui Il veut. Et nul ne sait [le nombre des anges] de ton Seigneur si ce n'est Lui. Ceci n'est qu'un rappel pour les humains.
Cela signifie : Nous n'avons désigné comme gardiens que des anges, qui sont forts et sévères. "Wa mā ja^alnā ^iddatahum" (et Nous n'avons fixé leur nombre), c'est-à-dire leur nombre, qui est de dix-neuf, "illā fitnatan li-l-ladhīna kafarū" (que pour éprouver les mécréants), c'est-à-dire comme cause d'épreuve pour les mécréants. Leur épreuve est le fait qu'ils ont prétendu pouvoir affronter les anges, par moquerie. Abū Jahl a dit : "Ô vous les Quraysh, est-ce que dix d'entre vous ne peuvent pas vaincre un seul gardien de l'enfer ?" "Li-yastayqina" (afin que soient convaincus) c'est-à-dire qu'ils soient certains, "al-ladhīna 'ūtū al-kitāb" (ceux qui ont reçu le Livre), c'est-à-dire les juifs et les chrétiens, que ce Coran vient de la part de Allāh. En effet, ils trouvent ce nombre dans leurs livres révélés et savent que le Messager n'a pas lu ces livres et que personne ne les lui a lus. Cependant, son Livre confirme les livres des prophètes, car tout cela est la vérité et se soutient mutuellement, venant de la part de Allāh. "Wa yazdāda al-ladhīna 'āmanū 'īmānā" (et que ceux qui ont cru augmentent leur foi), c'est-à-dire que ceux qui ont cru en Muḥammad صلى الله عليه وسلم parmi les Gens du Livre augmentent leur foi en Muḥammad صلى الله عليه وسلم. Le fait que ce nombre existait dans leur livre et que le Prophète صلى الله عليه وسلم en a informé, en accord avec ce qu'ils avaient, sans avoir étudié ou appris ces connaissances auparavant, mais par la Révélation, les a fait augmenter en foi et en conviction en Muḥammad صلى الله عليه وسلم. "Wa lā yartāba" (et qu'ils ne doutent pas), ce qui renforce l'idée de "li-yastayqina" (afin qu'ils soient convaincus), car l'affirmation de la certitude et la négation du doute sont plus éloquentes et plus fortes pour la tranquillité totale de l'âme. "Al-ladhīna 'ūtū al-kitāb" (ceux qui ont reçu le Livre), c'est-à-dire les juifs et les chrétiens, "wa al-mu'minūn" (et les croyants) en Allāh de la communauté de Muḥammad صلى الله عليه وسلم, ne doutent pas que le nombre des gardiens de l'enfer est de dix-neuf. "Wa li-yaqūla al-ladhīna fī qulūbihim maraḍun" (et afin que disent ceux qui ont une maladie dans leur cœur), c'est-à-dire un doute ou une hypocrisie, "wa al-kāfirūn" (et les mécréants) en Allāh, parmi les polythéistes de Quraysh et d'autres, "mādhā 'arāda Allāhu bihādhā mathalā" (qu'a donc voulu Allāh par cette parabole ?), c'est-à-dire par le nombre des gardiens de l'enfer et quelle est la sagesse de la mention de ce nombre ? "Kadhalika" (Ainsi), c'est-à-dire de même que Allāh a égaré Abū Jahl et ses compagnons qui ont renié le nombre des gardiens de l'enfer, "yuḍillu Allāhu man yashā'" (Allāh égare qui Il veut), c'est-à-dire que Allāh crée l'égarement dans le cœur de celui qu'Il veut égarer, "wa yahdī man yashā'" (et guide qui Il veut), c'est-à-dire que Allāh crée la guidance dans le cœur de celui qu'Il veut guider. "Wa mā ya^lamu" (et nul ne sait), "junūda rabbika" (les armées de ton Seigneur), c'est-à-dire leur nombre, qui sont les anges, "illā huwa" (si ce n'est Lui), c'est-à-dire Allāh عزَّ وجلَّ.
Muslim a rapporté dans son Ṣaḥīḥ que le prophète صلى الله عليه وسلم a dit à propos d'Al-Bayt Al-Ma^mūr (la Maison Peuplée) qui se trouve au septième ciel : "Chaque jour, soixante-dix mille anges y entrent, et ils n'y reviennent jamais." (Rapporté par Muslim dans son Ṣaḥīḥ : Kitāb al-'īmān : Bāb al-'Isrā'i bi Rasūli l-Lāhi صلى الله عليه وسلم ilā s-samawāti wa farḍi ṣ-ṣalawāt). "Wa mā hiya" (Ceci n'est), c'est-à-dire le feu, "illā dhikrā li-l-bashar" (qu'un rappel pour les humains), c'est-à-dire une leçon et une exhortation pour les gens, pour les rappeler, afin qu'ils craignent et obéissent.
{ كَلاَّ وَالْقَمَرِ (32) وَاللَّيْلِ إِذْ أَدْبَرَ (33) وَالصُّبْحِ إِذَا أَسْفَرَ (34) }
[74:32] Kallā wa al-qamar
[74:33] Wa al-layli 'idh 'adbar
[74:34] Wa aṣ-ṣubḥi 'idhā 'asfar
Non ! Par la lune ! Et par la nuit quand elle s'en va ! Et par l'aube quand elle se lève !
Cela signifie : la parole n'est pas telle que celui qui prétend que ses compagnons polythéistes peuvent vaincre les gardiens de l'enfer l'a dite. "Wa al-qamar" (Par la lune), Allāh jure par la lune. "Wa al-layli 'idh 'adbar" (Et par la nuit quand elle s'en va), "Wa aṣ-ṣubḥi 'idhā 'asfar" (Et par l'aube quand elle se lève), c'est-à-dire quand elle s'illumine et devient claire.
Ibn Kathīr, Abū ^Amr, Ibn ^Āmir, Al-Kisā'ī, et Abū Bakr d'après ^Āṣim ont lu "idh dabbara".
{ إِنَّهَا لإٍحْدَى الْكُبَرِ (35) }
[74:35] 'Innahā la'iḥdā al-kubar
C'est bien l'une des grandes choses !
"Innahā" (elle), c'est-à-dire l'enfer. "La'iḥdā al-kubar" (l'une des grandes choses), c'est-à-dire l'une des choses immenses qui n'ont pas d'équivalent.
{ نَذِيراً لِلْبَشَرِ (36) }
[74:36] Nadhīran li-l-bashar
Avertissement pour les humains.
Az-Zajjāj a dit : le mot "Nadhīran" (avertissement) est au cas accusatif et signifie que l'enfer est grande au moment où elle avertit. Al-Ḥasan a dit : "Par Allāh, il n'y a rien de plus terrible qu'elle pour avertir les créatures."
{ لِمَنْ شَاءَ مِنْكُمْ أَنْ يَتَقَدَّمَ أَوْ يَتَأَخَّرَ (37) }
[74:37] Li-man shā'a minkum 'an yataqaddama 'aw yata'akhkhar
Pour celui d'entre vous qui veut avancer ou reculer.
Ceci est une menace et une information que celui qui avance vers l'obéissance et la foi en Muḥammad صلى الله عليه وسلم sera récompensé par une rétribution éternelle, et que celui qui recule par rapport à l'obéissance et renie Muḥammad صلى الله عليه وسلم sera puni par un châtiment éternel.
{ كُلُّ نَفْسٍ بِمَا كَسَبَتْ رَهِينَةٌ (38) }
[74:38] Kullu nafsin bimā kasabat rahīnah
Toute âme est redevable de ce qu'elle a acquis.
C'est-à-dire qu'elle est redevable de ce qu'elle a commis.
{ إِلاَّ أَصْحَابَ الْيَمِينِ (39) }
[74:39] 'Illā 'aṣḥāba al-yamīn
Sauf les gens de la droite.
Ce sont les gens du paradis, car ils ne sont pas tenus pour redevables. On a dit aussi qu'ils sont les anges, ou les enfants des musulmans, ou les musulmans sincères qui ne sont pas tenus pour redevables car ils ont accompli ce qu'ils devaient. D'autres interprétations ont également été données.
{ فِي جَنَّاتٍ يَتَسَاءَلُونَ (40) }
[74:40] Fī jannātin yatasā'alūn
Dans les jardins, ils s'interrogent les uns les autres.
C'est-à-dire qu'ils sont dans des jardins et des délices, "yatasā'alūn" (ils s'interrogent), c'est-à-dire qu'ils questionnent les mécréants qui sont dans l'enfer.
{ عَنْ الْمُجْرِمِينَ (41) }
[74:41] ^Ani al-mujrimīn
Au sujet des criminels,
C'est-à-dire des mécréants.
{ مَا سَلَكَكُمْ فِي سَقَرَ (42) }
[74:42] Mā salakakum fī saqar
"Qu'est-ce qui vous a conduits à Saqar ?"
C'est-à-dire : qu'est-ce qui vous a fait entrer dans Saqar (l'enfer) ? Leur question est un reproche et une humiliation pour eux. D'ailleurs, ils savent très bien ce qui les a conduits en enfer. Et la réponse est :
{ قَالُوا لَمْ نَكُ مِنَ الْمُصَلِّينَ (43) }
[74:43] Qālū lam naku mina al-muṣallīn
Ils dirent : "Nous n'étions pas du nombre des [croyants] qui prient,"
Les criminels, qui sont les mécréants, leur dirent : "Nous n'étions pas du nombre de ceux qui prient", c'est-à-dire des croyants qui accomplissent la prière.
{ وَلَمْ نَكُ نُطْعِمُ الْمِسْكِينَ (44) }
[74:44] Wa lam naku nuṭ^imu al-miskīn
"Et nous ne nourrissions pas le pauvre,"
C'est-à-dire que nous ne lui donnions pas l'aumône.
{ وَكُنَّا نَخُوضُ مَعَ الْخَائِضِينَ (45) }
[74:45] Wa kunnā nakhūḍu ma^a al-khā'iḍīn
"Et nous nous perdions avec ceux qui se perdaient,"
C'est-à-dire dans la futilité avec ceux qui s'y perdent.
{ وَكُنَّا نُكَذِّبُ بِيَوْمِ الدِّينِ (46) }
[74:46] Wa kunnā nukadhdhibu bi-yawmi ad-dīn
"Et nous traitions de mensonge le Jour du Jugement,"
C'est-à-dire le Jour de la Résurrection, du Jugement, de la récompense et du châtiment.
{ حَتَّى أَتَانَا الْيَقِينُ (47) }
[74:47] Ḥattā 'atānā al-yaqīn
"Jusqu'à ce que nous parvienne la certitude (la mort)."
C'est-à-dire la mort.
{ فَمَا تَنْفَعُهُمْ شَفَاعَةُ الشَّافِعِينَ (48) }
[74:48] Famā tanfa^uhum shafā^atu ash-shāfi^īn
L'intercession des intercesseurs ne leur sera pas accordé.
Cela signifie qu'il n'y aura pas d'intercession pour eux, car l'intercession n'est accordée qu'à celui qui a cru en Allāh et en Son Messager. Le sens n'est pas que ceux qui ont renié le Jour du Jugement auraient droit à une intercession qui ne leur serait pas utile, mais plutôt que l'intercession n'est pas accordée aux mécréants.
{ فَمَا لَهُمْ عَنْ التَّذْكِرَةِ مُعْرِضِينَ (49) }
[74:49] Famā lahum ^ani at-tadhkirati mu^riḍīn
Pourquoi donc se détournent-ils du rappel ?
C'est-à-dire : pourquoi ces polythéistes se détournent-ils des exhortations du Coran, sans les écouter pour en tirer une leçon ? Puis, Allāh les a comparés à des ânes apeurés, en raison de la force de leur dédain et de leur aversion envers la foi et les versets de Allāh تعالى. Il a dit عزَّ وجلَّ :
{ كَأَنَّهُمْ حُمُرٌ مُسْتَنْفِرَةٌ (50) }
[74:50] Ka'annahum ḥumurum mustanfirah
On dirait des ânes sauvages qui s'enfuient,
C'est-à-dire : on dirait que ces mécréants, dans leur fuite devant Muḥammad صلى الله عليه وسلم, sont des "ḥumur", c'est-à-dire des ânes sauvages (pluriel de ḥimār), "mustanfirah", c'est-à-dire apeurés.
Abū Ja^far, Nāfi^, Ibn ^Āmir, et les autres ont lu avec une fatha sur le fā', tandis que les autres ont lu avec une kasra. Abū ^Ubaydah a dit : celui qui lit avec la fatha entend par "effrayé", et celui qui lit avec la kasra entend "en fuite".
{ فَرَّتْ مِنْ قَسْوَرَةٍ (51) }
[74:51] Farrat min qaswarah
Qui s'enfuient d'un chasseur.
C'est-à-dire qu'elles se sont enfuies et ont fui "min qaswarah", c'est-à-dire des chasseurs qui les traquent, ou du lion. En effet, lorsque les ânes sauvages voient un lion, ils s'enfuient. De même, ces polythéistes fuient lorsque le prophète صلى الله عليه وسلم récite le Coran.
{ بَلْ يُرِيدُ كُلُّ امْرِئٍ مِنْهُمْ أَنْ يُؤْتَى صُحُفاً مُنَشَّرَةً (52) }
[74:52] Bal yurīdu kullu 'imri'in minhum 'an yu'tā ṣuḥufan munashsharah
Mais chacun d'eux voudrait qu'on lui donne des feuillets dépliés.
C'est-à-dire que chacun de ceux qui se détournent des exhortations et des versets de Allāh voudrait "qu'on lui donne des feuillets dépliés", c'est-à-dire qu'un livre soit révélé à chacun d'eux, contenant de la part de Allāh عزَّ وجلَّ un message adressé à telle ou telle personne. On a dit aussi qu'ils disaient : "Si Muḥammad est véridique, qu'un feuillet soit déposé sous la tête de chacun d'entre nous au petit matin, dans lequel il serait garanti et à l'abri du feu." "Munashsharah" (dépliés), c'est-à-dire des feuillets non pliés que l'on pourrait lire comme on lit les lettres. Ou bien qu'ils soient écrits au ciel et que les anges les fassent descendre encore frais, non pliés. C'est là une preuve de leur obstination.
Ibn Al-Mundhir a rapporté d'après As-Suddī qu'il a dit : ils ont dit : "Si Muḥammad est véridique, qu'un feuillet soit déposé sous la tête de chacun d'entre nous au petit matin, dans lequel il serait garanti et à l'abri du feu." C'est alors que ce verset a été révélé : { Bal yurīdu kullu 'imri'in minhum 'an yu'tā ṣuḥufan munashsharah }.
{ كَلاَّ بَلْ لا يَخَافُونَ الآخِرَةَ (53) }
[74:53] Kallā bal lā yakhāfūna al-'ākhirah
Non ! C'est plutôt qu'ils ne craignent pas l'au-delà.
Non, cela ne se produira pas. C'est une réprimande pour leur demande de signes. Ce n'est pas comme ils le prétendent, à savoir que s'ils avaient reçu des feuillets dépliés, ils auraient cru. "Bal lā yakhāfūna al-'ākhirah" (Mais ils ne craignent pas l'au-delà), c'est-à-dire qu'ils ne craignent pas le châtiment de Allāh et ne croient pas à la résurrection, à la récompense et au châtiment. C'est ce qui les a poussés à se détourner du rappel et a rendu plus facile pour eux de ne pas écouter ce que le prophète صلى الله عليه وسلم a apporté.
{ كَلاَّ إِنَّهُ تَذْكِرَةٌ (54) }
[74:54] Kallā 'innahu tadhkirah
Non ! Ceci est un rappel !
C'est une réprimande pour leur mépris du rappel. Le sens est : il n'en est pas comme ces polythéistes le disent à propos de ce Coran, à savoir qu'il est une magie transmise et qu'il est la parole d'un être humain. Au contraire, "innahu" (il), c'est-à-dire le Coran, "tadhkirah" (un rappel), c'est-à-dire une exhortation de Allāh à Sa création, pour qu'Il la rappelle.
{ فَمَنْ شَاءَ ذَكَرَهُ (55) }
[74:55] Fa-man shā'a dhakara
Que celui qui veut se souvienne de lui !
Cela signifie : que celui qui veut, parmi les esclaves de Allāh que Allāh a rappelés avec ce Coran, se souvienne de lui, c'est-à-dire en tire une leçon. Le bénéfice lui en revient.
{ وَمَا يَذْكُرُونَ إِلاَّ أَنْ يَشَاءَ اللَّهُ هُوَ أَهْلُ التَّقْوَى وَأَهْلُ الْمَغْفِرَةِ (56) }
[74:56] Wa mā yadhkurūna 'illā 'an yashā'a Allāhu huwa 'ahlu at-taqwā wa 'ahlu al-maghfirah
Mais ils ne peuvent se rappeler que si Allāh le veut. Lui est le digne de la piété, et le digne du pardon.
Cela signifie : ils ne peuvent tirer de leçon "que si Allāh le veut". C'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas se rappeler et tirer de leçon sans que Allāh le veuille pour eux. C'est une déclaration claire que l'action du serviteur dépend de la volonté de Allāh تعالى, ce qui est la doctrine des Ahl As-Sunnah wa Al-Jamā^ah. "Huwa 'ahlu at-taqwā" (Lui est le digne de la piété), c'est-à-dire qu'Il est digne que les gens Le craignent en accomplissant ce qu'Il a ordonné et en évitant ce qu'Il a interdit. "Wa 'ahlu al-maghfirah" (et le digne du pardon), c'est-à-dire qu'Il est digne de pardonner à celui qui se repent.
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