Exégèse Sourate Al-Infiṭār
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm | Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm. | Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'A^rāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens.
Sūratu l-Infiṭār est une sourate mecquoise à l'unanimité, et elle comporte dix-neuf 'āyah.
86 | 1 | 'Idhā s-Samā'u nfaṭarat | Quand le ciel se fendra | son fendillement est sa déchirure.
86 | 2 | Wa 'idha l-Kawākibu ntaṭharat | Et que les astres se disperseront | ils tomberont de leurs emplacements.
86 | 3 | Wa 'idha l-Biḥāru fujjirat | Et que les mers déborderont | Selon Ar-Rabī^ ibnou Khaṯhīm, "débordèrent", rapporté par Al-Boukhāriyy de manière suspendue.
86 | 4 | Wa 'idha l-Qubūru bu^thirat | Et que les tombes seront bouleversées | elles seront retournées, leur fond sera au-dessus et leur intérieur à l'extérieur, elles s'ouvriront et ceux qui y sont parmi les morts seront ressuscités vivants. La réponse à « Wa 'idhā » est la parole d'Allāh ta`ālā :
86 | 5 | ^Alimat nafsum mā qaddamat wa 'akhkharat | chaque âme saura ce qu'elle a avancé et ce qu'elle a retardé | ce qu'elle a avancé comme obéissance et ce qu'elle a retardé du droit de Allāh, selon Ibnou ^Abbās.
86 | 6 | Yā 'ayyuha l-'Insānu mā gharraka bi-Rabbika l-Karīm | Ô homme, qu'est-ce qui t'a trompé au sujet de ton Seigneur le Généreux ? | Ce qui est visé par l'homme ici est l'homme non-croyant. Certains ont dit qu'elle a été révélée à propos de 'Ubayy ibnou Khalaf. Ceci est une interpellation aux non-croyants, qu'est-ce qui t'a trompé et t'a illusionné au point que tu mécrois en ton Seigneur le Généreux, Qui t'a favorisé par toutes sortes de bienfaits ? L'illusion est tout ce qui trompe l'homme, que ce soit la richesse, la position sociale, la passion ou le diable. Il a été dit : ce bas monde trompe, nuit et passe. Ce qui est visé est ce qu'il y a dans ce bas monde qui ne contient aucun bien. Al-Bayḍhāwiyy a dit : la réponse à la question est que son diable l'a trompé. Parmi les significations du nom de Allāh ta^ālā, Al-Karīm est celui qui pardonne et qui ne se hâte pas de châtier pour le péché. Allāh ta^ālā l'a mentionné pour insister sur l'interdiction de se laisser tromper, car la simple générosité n'implique pas le fait de négliger l'injuste et d'égaliser l'obéissant et le désobéissant. De même, c'est pour faire savoir ce par quoi le diable le trompe, car il lui dit : fais ce que tu veux, ton Seigneur le Généreux ne châtie personne. Mouḥammad ibnou Ṣoubayḥ ibnou s-Sammāk, le pieux modèle, a dit :
Ô toi qui caches le péché, n'as-tu pas honte ?
Allāh te voit même dans la solitude.
Tu as été trompé par la clémence de ton Seigneur
Et par Son voile sur tes mauvaises actions.
Dhū n-Nūn Al-Miṣriyy raḍiya l-Lāhou ^anhou a dit, « Combien d'illusionnés sont sous le voile sans le savoir. » Nous demandons à Allāh le pardon et la protection dans ce bas monde et dans l'au-delà.
86 | 7 | Al-ladhī khalaqaka fa-sawwāka fa-^adalak | Qui t'a créé, puis t'a proportionné, puis t'a équilibré | Sa parole « Al-ladhī khalaqaka », Qui a déterminé ta création à partir d'une goutte de sperme. « Fa-sawwāka », Il a rendu tes membres sains, proportionnés, prêts à leurs fonctions sans aucune disproportion. Il n'a pas rendu une main plus longue, ni un œil plus grand, ni une partie des membres blanche et une autre noire.
Al-Boukhāriyy a dit, « Al-'A^mach et ^Āṣim ont récité « fa-^adalaka » avec un allégement, et les gens du Ḥijāz l'ont récité avec un renforcement. Cela signifie une création équilibrée. Et celui qui a allégé signifie : quelle que soit la forme qu'Il a voulue, soit belle, soit laide, soit grande, soit petite. »
86 | 8 | Fī 'ayyi ṣūratim mā shā'a rakkabak | Dans n'importe quelle forme qu'Il a voulue, Il t'a assemblé. | Sa parole « Fī 'ayyi ṣūratin » se rapporte à « bi-Rabbika », ton Seigneur est Celui Qui t'a fait prendre la forme qu'Il a voulu parmi les différentes formes en beauté et laideur, en taille, en longueur et en petitesse, en masculinité et féminité, et en ressemblance avec certains parents plutôt que d'autres.
86 | 9 | Kallā bal tukadhdhibūna bi d-Dīn | Non ! Mais vous déniez le jour du Jugement | Sache qu'Allāh subḥānahou, après avoir expliqué par des preuves rationnelles la validité de la résurrection, a ensuite détaillé certaines des situations qui s'y rapportent. Sa parole ta^ālā « Kallā » a le sens d'un rejet et d'un avertissement contre le fait de se laisser tromper par la générosité de Allāh à cause de l'embellissement du diable. Et Sa parole ta^ālā « bal tukadhdhibūna bi d-Dīn », vous déniez le jour du Jugement et de la rétribution, et vous prétendez qu'il n'aura pas lieu. Abū Ja^far a récité : « bal yukadhdhibūna » avec un yā'.
86 | 10 | Wa 'inna ^alaykum la-Ḥāfiḍhīn | Alors que sur vous il y a certes des gardiens, | Puis Allāh les a informés que leurs œuvres sont préservées, et Il a dit ta^ālā « Wa 'inna ^alaykum la-Ḥāfiḍhīn », parmi les anges, ils préservent (retranscrivent) vos œuvres et vos paroles.
86 | 11 | Kirāman kātibīn | Nobles scribes | ils sont nobles selon le jugement de Allāh ta^ālā, ils écrivent les œuvres des esclaves, et même les actions de leurs cœurs, ils les écrivent parce que Allāh les leur fait connaître afin qu'ils soient rétribués pour cela. Et la glorification des scribes par l'éloge qu'on leur fait est une glorification de l'importance de la rétribution.
86 | 12 | Ya^lamūna mā taf^alūn | Ils savent ce que vous faites | rien de vos œuvres, bonnes ou mauvaises, ne leur échappe, ils les écrivent.
86 | 13 | 'Inna l-'Abrāra lafī Na^īm | Certes, les pieux seront dans les délices | Al-Birrou, avec kasra, est le bien et la grâce. Et Al-'Abrār, est le pluriel de Al-Bārr.
Ar-Rāghib a dit : Il est dit que l'esclave a été pieux envers son Seigneur, ce qui signifie qu'il a excellé dans son obéissance. Ainsi, de Allāh ta^ālā vient la récompense et de l'esclave l'obéissance. Cela se divise en deux catégories : une catégorie dans la croyance et une catégorie dans les œuvres. Cela est inclus dans Sa parole ta^ālā qui signifie: « La piété ne consiste pas à tourner vos visages vers le levant et le couchant. Mais la piété est celle de celui qui croit en Allāh, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux Prophètes, qui dépense de ses biens - malgré l'amour qu'il lui porte - pour les proches, les orphelins, les pauvres, le voyageur en détresse, ceux qui demandent l'aide et pour l'affranchissement des esclaves, qui accomplit la prière et acquitte la Zakāt, et ceux qui respectent leurs engagements lorsqu'ils s'engagent, et ceux qui sont endurants dans la misère, le malheur et au moment du combat. Ceux-là sont ceux qui sont véridiques et ceux-là sont les pieux. » [Sūratu l-Baqarah / 177]. Car le verset inclut la croyance et les œuvres obligatoires et surérogatoires. Ainsi, le bonheur des croyants véridiques et pieux sera dans ce bas monde par l'obéissance, la satisfaction du décret et la contenance, et dans l'au-delà par les délices du Paradis.
86 | 14 | Wa 'inna l-Fujjāra lafī Jaḥīm | Et certes, les pervers seront dans un Brasier ardent | Al-Fujjār, est le pluriel de Fājir. Et la source est Al-Fujūr, c'est le fait de déchirer le voile de la religion, selon Ar-Rāghib. Ce qui est visé est que les non-croyants auront leur brasier dans le Feu ardent comme châtiment pour leurs actions.
86 | 15 | Yaṣlawnahā yawma d-Dīn | Ils y brûleront le Jour du Jugement. | ils entreront dans le Brasier ardent et y souffriront la chaleur intense et les flammes le Jour du Jugement, ce qui signifie le jour de la rétribution des œuvres.
86 | 16 | Wa mā hum ^anhā bi-ghā'ibīn | Et ils n'en seront pas absents. | Ce qui est visé, les non-croyants ne s'absenteront pas du Feu, la menace sera donc réalisée et ils demeureront éternellement en Enfer sans fin. Le sens est : ils y entreront et n'en sortiront pas.
86 | 17 | Wa mā 'adrāka mā yawmu d-Dīn | Et qui te dira ce qu'est le Jour du Jugement ? |
86 | 18 | Thumma mā 'adrāka mā yawmu d-Dīn | Encore une fois, qui te dira ce qu'est le Jour du Jugement ? | Ar-Rāziyy a dit, ils ont divergé sur l'interpellation dans Sa parole ta^ālā « Wa mā 'adrāka ». Certains ont dit : c'est une interpellation au non-croyant dans le sens d'un avertissement. Et la plupart ont dit : c'est une interpellation au Messager. Ce qui est visé par le Jour du Jugement est le jour de la rétribution. Et il a été répété pour magnifier son importance et pour étonner, par l'essence de son affaire, de sorte qu'aucune connaissance ne peut l'appréhender, selon Al-Bayḍhāwiyy.
86 | 19 | Yawma lā tamliku nafsun li-nafsin shay'an wal-'Amru yawma'idhin li l-Lāh | Jour où aucune âme ne pourra rien pour une autre, et l'ordre, ce Jour-là, appartiendra à Allāh. | jour où aucune créature ne pourra procurer un quelconque bienfait à une autre créature, sauf l'intercession avec la permission de Allāh. Ainsi, aucune âme non-croyante ne pourra faire quoi que ce soit pour une autre âme non-croyante. Et l'ordre ce jour-là appartiendra à Allāh, nul ne le Lui disputera. Cela indique que Allāh est attribué de l'existence éternelle sans fin, et Ses attributs ta^ālā sont éternels et sans fin. Allāh est donc exempt de tout changement, car le changement d'un état à un autre est un attribut de la créature. Allāh est exempt des attributs des choses créées. Quoi que tu puisses imaginer dans ton esprit, Allāh est différent de cela, ce qui signifie qu'Il ne ressemble pas à cela, comme cela est rapporté de l'Imam Dhū n-Nūn Al-Miṣriyy raḍiya l-Lāhou ^anhou et l'Imam 'Aḥmad ibnou Ḥanbal raḍiya l-Lāhou ^anhou.
Ibnou Kathīr et Abū ^Amrū ont récité : « Yawmou » avec un rafa^ (nominatif), et les autres l'ont récité avec un fatḥa (accusatif). Az-Zajjāj a dit : celui qui a mis « Yawm » au rafa^ l'a fait en tant qu'attribut de Sa parole ta^ālā : « yawmi d-Dīn ». Et il est permis que son rafa^ soit par une omission de « Houwa », et son naṣb (accusatif) signifie : « ces choses mentionnées auront lieu ».
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