Exégèse de sourate Aṭ-Ṭâriq. Coran en français
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm
Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm.
Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'Aʿrāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens.
Sourate 86 : Aṭ-Ṭāriq (L'étoile nocturne)
Sourate Aṭ-Ṭāriq (L'étoile nocturne) est une sourate mecquoise à l'unanimité, et elle contient dix-sept versets.
وَالسَّمَاءِ وَالطَّارِقِ
[86:1] Wa s-samā'i wa ṭ-ṭāriq
Par le ciel et par l'étoile nocturne.
C'est un double serment de la part de Allāh. Le ciel est évident, et "aṭ-ṭāriq" désigne toute étoile qui apparaīt la nuit. Le terme "ṭāriq" s'applique à tout ce qui vient la nuit, comme l'a expliqué Al-Boukhāriyy. On retrouve ce sens dans le hadith de la recherche de refuge qui signifie : « Et contre les visiteurs nocturnes et diurnes, sauf un visiteur qui apporte le bien. » rapporté par Mālik.
وَمَا أَدْرَاكَ مَا الطَّارِقُ
[86:2] Wa mā 'adrāka ma ṭ-ṭāriq
Et qu'est-ce qui te fera connaītre ce qu'est l'étoile nocturne ?
Cette question est rhétorique et vise à souligner l'importance et la grandeur de cette étoile. Soufyān ibnou ʿOuyaynah a précisé que chaque fois que le Qour'ān utilise l'expression "Wa mā 'adrāka", Allāh en a informé le Prophète, tandis que "Wa mā youdrīka" indique que Allāh ne l'a pas informé.
النَّجْمُ الثَّاقِبُ
[86:3] An-najmou th-thāqib
L'étoile perçante (brillante).
Il s'agit de l'étoile lumineuse, selon Ibnou ʿAbbās. Certains savants, comme Al-Ḥasan, ont dit que c'est un nom générique pour toutes les étoiles car elles sont toutes brillantes et ont une lumière apparente. Al-Qouchayriyy a estimé que c'est l'avis le plus prépondérant.
إِن كُلُّ نَفْسٍ لَّمَّا عَلَيْهَا حَافِظٌ
[86:4] 'In koullou nafsin lammā ʿalayhā ḥāfiḍh
Certes, chaque āme a sur elle un gardien.
Cela signifie que chaque āme est sous la surveillance d'anges gardiens. Qatādah a expliqué qu'ils enregistrent les œuvres de l'être humain, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Selon Ibnou ʿAbbās, "lammā ʿalayhā ḥāfiḍh" équivaut à "illā ʿalayhā ḥāfiḍh". Al-Ḥāfiḍh 'Ibnou Ḥajar a authentifié cette transmission d'Ibnou Abī Ḥātim.
فَلْيَنظُرِ الْإِنسَانُ مِمَّ خُلِقَ
[86:5] Falyanḍhouri l-'insānou mimma khouliqa
Que l'être humain considère de quoi il a été créé.
Il est invité à méditer sur l'origine de sa création, pour comprendre que Celui qui l'a créé à partir d'une goutte de sperme est également capable de le recréer. Allāh Ta`ālā dit ce qui signifie : « Et c'est Lui qui commence la création puis la refait, et cela Lui est très facile. » [sourate Ar-Rôum 'āyah 27].
خُلِقَ مِن مَّاءٍ دَافِقٍ
[86:6] Khouliqa min mā'in dāfiq
Il a été créé d'un liquide qui gicle.
Ce liquide se répand rapidement, comme l'a décrit Ar-Rāghib. Abou Ḥayyān a précisé que le "liquide qui gicle" désigne le mélange du sperme de l'homme et de la femme dans l'utérus. ʿAbdou r-Razzāq a rapporté de Al-'Aʿmach que les os et les nerfs proviennent du liquide masculin, tandis que le sang et la chair proviennent du liquide féminin. Certains linguistes du Ḥijāz interprètent "Dāfiq" comme "madfoūq" (giclé), transformant le participe actif en passif lorsqu'il est utilisé comme adjectif, à l'instar de l'expression arabe « ʿīchatoun rāḍiyah » (une vie satisfaisante), qui signifie en réalité « marḍiyyah » (agréable).
يَخْرُجُ مِن بَيْنِ الصُّلْبِ وَالتَّرَائِبِ
[86:7] Yakhroujou min bayni ṣ-ṣoulbi wa t-tarā'ib
Il sort d'entre le dos et les côtes.
Ce liquide jaillissant provient du dos de l'homme et des côtes de la femme, c'est-à-dire les os de sa poitrine, comme l'a dit Ath-Thawriyy.
إِنَّهُ عَلَىٰ رَجْعِهِ لَقَادِرٌ
[86:8] 'Innahou ʿalā rajʿihī laqādir
Certes, Allāh, glorifié soit Son éloge, est capable de faire revenir l'être humain à la vie après sa mort.
Il a également été dit que cela signifie que Allāh est capable de le faire passer de la vieillesse à la jeunesse, de la jeunesse à l'enfance, et de l'enfance à la goutte de sperme.
يَوْمَ تُبْلَى السَّرَائِرُ
[86:9] Yawma toublā s-sarā'ir
Le jour où les secrets seront révélés.
Ce jour-là, les secrets des cœurs, c'est-à-dire les croyances et les intentions cachées, ainsi que les œuvres dissimulées par les membres, seront révélés et examinés.
فَمَا لَهُ مِن قُوَّةٍ وَلَا نَاصِرٍ
[86:10] Fā mā lahou min qouwwatin wa lā nāṣir
Alors il n'y aura pour lui (l'être humain mécréant) aucune force ni aucun secoureur.
Cela signifie que le mécréant qui a renié la résurrection n'aura aucune force pour se protéger du chātiment de Allāh, ni aucun secoureur pour l'aider et éloigner de lui ce chātiment.
وَالسَّمَاءِ ذَاتِ الرَّجْعِ
[86:11] Wa s-samā'i dhāti r-rajʿi
Et par le ciel qui renvoie (la pluie après la pluie).
Le sens est rapporté par Al-Ḥākim de Ibnou ʿAbbās, et Al-Ḥāfiḍh a certifié l'authenticité de sa chaīne de transmission. Al-Boukhāriyy a rapporté de Moujāhid que "dhāti r-rajʿi" fait référence aux nuages qui ramènent la pluie.
وَالْأَرْضِ ذَاتِ الصَّدْعِ
[86:12] Wa l-'arḍi dhāti ṣ-ṣadʿi
Et par la terre qui se fend (pour laisser pousser).
Dans le ṣaḥīḥ de Al-Boukhāriyy, Moujāhid a expliqué que "dhāti ṣ-ṣadʿi" signifie que la terre se fend pour les plantes. Al-Qourṭoubiyy a ajouté que cela inclut également les arbres, les fruits et les rivières.
إِنَّهُ لَقَوْلٌ فَصْلٌ
[86:13] 'Innahou laqawloun faṣl
Certes, c'est une parole véridique
Certes c'est une parole vraie, cette explication est rapporté par Al-Boukhāriyy de Ibnou ʿAbbās, cela signifie que le Qour'ān distingue le vrai du faux.
وَمَا هُوَ بِالْهَزْلِ
[86:14] Wa mā houwa bi l-hazl
Et ce n'est pas une plaisanterie (ni une futilité).
Cela signifie que le Qour'ān est une chose sérieuse et n'a pas été révélé pour plaisanter.
إِنَّهُمْ يَكِيدُونَ كَيْدًا
[86:15] 'Innahoum yakīdoūna kaydā
Certes, ils complotent une ruse.
Allāh informe que les polythéistes de La Mecque complotent une ruse, qui est leur rassemblement à Dār an-Nadwah pour conspirer contre le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم.
وَأَكِيدُ كَيْدًا
[86:16] Wa 'akīdou kaydā
Et Je les rétribue pour leur ruse.
Cela signifie que Allāh les rétribue pour leur ruse en les laissant s'enfoncer sans qu'ils le sachent, avant de les chātier. Ce chātiment est qualifié de "kayd" par opposition, comme dans les versets qui signifie : « Et ils ont rusé, et Allāh les rétribue pour leur ruse. » [sourate 'Āli ʿImrān 'āyah 54] et « Allāh les rétribue pour leur moquerie [sourate Al-Baqarah 'āyah 15]. Abou Ḥayyān a expliqué que cela signifie que Allāh les rétribue pour leur ruse et leur moquerie, et qu'il n'est pas permis de nommer Allāh "ruseur" ou "moqueur".
فَمَهِّلِ الْكَافِرِينَ أَمْهِلْهُمْ رُوَيْدًا
[86:17] Fa mahhili l-kāfirīna 'amhilhoum rouwaydā
Alors accorde un délai aux mécréants, laisse-les pour un peu de temps.
Ô Mouḥammad, attends la punition des mécréants et ne la précipite pas. "rouwaydā" signifie "un peu". Allāh Ta`ālā les a chātiés à Badr [lors de la bataille de Badr].
https://www.islam.ms/?p=869