Tafsir & Exégèse de Sourate An-Naṣr- Coran en français
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيم
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm | Au nom de Allāh, ar-Raḥmāni r-Raḥīm.
Le terme "Allāh" est le nom propre de l'Être nécessairement existant, digne de toutes les louanges, et il n'est pas dérivé. "Ar-Raḥmān" fait partie des noms spécifiques à Allāh; il signifie que Sa miséricorde englobe le croyant et le non-croyant dans ce bas monde. Cependant, Il ne fait miséricorde qu'aux croyants dans l'au-delà, comme il est dit dans sourat Al-'A^rāf/156 qui signifie: "Et Ma miséricorde englobe toute chose; Je la réserverai pour ceux qui ont évité la mécréance." "Ar-Raḥīm" est Celui Qui fait miséricorde aux croyants, comme Allāh dit dans sourat Al-'Aḥzāb/43 ce qui signifie: "Et Il est Miséricordieux envers les croyants." "Ar-Raḥmān" est plus éloquent que "Ar-Raḥīm" car l'augmentation dans la structure indique une augmentation dans le sens.
Sourate al-`Aṣr est mecquoise selon l'avis de la majorité et il a été dit médinoise et elle est de trois 'āyah
Bismi l-Lāhi r-Raḥmāni r-Raḥīm
103 | 1 | Wa l-^aṣr
Par le temps.
Allāh a fait serment par le temps, parce qu'il contient toutes sortes de choses étonnantes, le changement des situations, et tout ce qu'il y a là comme preuve de l'existence du Créateur, Qui est exempt d'imperfections.
Certains savants ont dit que le sens est un serment par la prière de l'après-midi ("al-^aṣr") qui est la prière du milieu ("aṣ-ṣalātu l-wusṭā"), selon l'avis de la majorité des savants, d'après le ḥadīth de Muslim et de Ibn Mājah qui signifie : « ils nous ont occupés, nous empêchant de faire la prière du milieu, la prière de al-`Aṣr ».
103 | 2 | 'Inna l-'insāna lafī khusr
Certes, l'être humain est en perdition.
Ceci est la réponse au serment. Le mot "l'être humain" est un nom générique, il s'applique à tous, c'est pour cela que l'exception qui est faite est correcte. Le sens de "est en perdition" est qu'il est en perdition, c'est-à-dire dans le malheur et le châtiment.
103 | 3 | 'Illa l-ladhīna 'āmanū wa ^amilū ṣ-ṣāliḥāti wa tawāṣaw bi l-ḥaqqi wa tawāṣaw bi ṣ-ṣabr
Sauf ceux qui ont cru, ont fait les bonnes œuvres, se sont enjoints mutuellement la vérité et se sont enjoints mutuellement l'endurance.
Le sens de "sauf ceux qui ont cru, et ont fait les bonnes œuvres" est : ceux qui ont cru en Allāh et en Son Messager, et ont accompli les actes d'obéissance. Le sens de "se sont enjoints mutuellement la vérité" est qu'ils se sont mutuellement recommandés les uns les autres de s'attacher à la vérité immuable, qui ne saurait être reniée, et qui est le bien dans son ensemble, à savoir le fait d'attester de l'unicité de Allāh, de Lui obéir, et de suivre Ses Livres et Ses Messagers. Le sens de "se sont enjoints mutuellement l'endurance" est : l'endurance dans l'obéissance à Allāh, l'endurance à ne pas commettre les désobéissances et l'endurance face aux épreuves. Muslim a rapporté dans son Ṣaḥīḥ que le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie : « qu'il est étonnant l'état du croyant, car tout son état est un bien pour lui, et ceci n'est donné à personne si ce n'est au croyant. Si un bienfait lui arrive, il remercie et c'est un bien pour lui ; si un malheur l'atteint, il endure et c'est un bien pour lui ».
On a dit dans l'explication de cette sourate que lorsque l'être humain avance en âge dans ce bas monde, il ne fait que s'affaiblir et que son état se dégrade, sauf pour les croyants, pour qui sont inscrites les récompenses des actes qu'ils faisaient dans leur jeunesse et leur bonne santé.
Il a été rapporté de l'Imam Ach-Chāfi^iyy : « Si les gens méditaient sur cette sourate, elle leur suffirait. Et ce, parce qu'elle contient les catégories de choses qui, si la personne les accomplit, lui permettent d'atteindre le plus haut degré de la perfection. La première : la connaissance de la vérité ; la seconde : sa mise en application ; la troisième : le fait d'enseigner la vérité à ceux qui ne la connaissent pas ; la quatrième : le fait d'être patient dans le fait d'apprendre, de mettre en application et d'enseigner ».
Il a été rapporté par Aṭ-Ṭabarāniyy dans Al-Awsaṭ de l'un des compagnons qu'il a dit : « Quand deux hommes des compagnons du Prophète صلى الله عليه وسلم se rencontraient, ils ne se séparaient pas avant que l'un d'entre eux ne lise pour l'autre « Wa l-^aṣr... » jusqu'à la fin. Al-Ḥāfiḍh Al-Haythamiyy a dit : « At-Ṭabarāniyy l'a rapporté dans Al-Awsaṭ et ses rapporteurs sont les rapporteurs de Ṣaḥīḥ (Al-Bukhāriyy ou Muslim) ».
Cela prouve que les compagnons de Allāh ont considéré que certaines choses du bien étaient bonnes, et les ont pratiquées, même si elles n'avaient pas été citées telles quelles dans le Qour'ān ou le ḥadīth. Ils ont plutôt trouvé qu'elles se rangeaient sous une règle générale correcte, tirée d'un livre, d'une sounnah correcte ou d'un consensus. C'est pour cela que l'Imam Muḥammad Ibn Idrīs Ach-Chāfi^iyy a dit : « Les innovations sont de deux types : un premier type : ce qui a été innové en contradiction avec le Qour'ān, la Sounnah, les récits (des compagnons) ou le consensus, et ceci est la mauvaise innovation qui égare. Le second type : ce qui a été innové comme bien sans qu'il y ait de contradiction avec l'un de ceux-ci ; et cela, c'est une innovation non blâmable ». Ceci est sa parole rapportée par Al-Bayhaqiyy. Et c'est ce que prouve le ḥadīth rapporté par Muslim d'après le chemin de Jarīr Ibn ^Abdi l-Lāh Al-Bajaliyy qui a dit : Le Messager de Allāh صلى الله عليه وسلم a dit ce qui signifie : « Celui qui initie dans l'Islām une bonne voie, il aura sa récompense et la récompense de ceux qui la pratiqueront après lui, sans que la récompense de ces derniers ne soit en rien diminuée. Et celui qui initie dans l'Islām une mauvaise voie, il en aura le péché et le péché de ceux qui la pratiqueront après lui, sans que les péchés de ces derniers ne soient en rien diminués ». An-Nawawiyy a dit : « Dans ce ḥadīth, il y a la spécification de la parole du Prophète : « toute innovation est égarement », et que ce qui est visé par cela, ce sont les innovations qui sont fausses et les innovations qui sont blâmables. Et nous avons déjà précisé cela dans le livre de la prière du vendredi, et nous avons mentionné là-bas que les innovations sont de cinq catégories : obligatoire, recommandée, interdite, déconseillée et permise ». Fin de la parole d'An-Nawawiyy textuellement (traduit).
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